Vice-président chargé de la recherche à l'Association nationale des écoles supérieures d'art, Stéphane Sauzedde répond à nos questions sur les enjeux de la recherche et la singularité des écoles d'art.
R. A. Comment définiriez-vous la différence entre la recherche menée dans les écoles d'art et celle pratiquée dans les universités ?
S. S. Il y a des points communs entre les deux - en particulier le fait d'affirmer que la recherche est un régime particulier de l'activité - mais il y a au moins une différence essentielle qui tient à leurs écosystèmes de travail. En particulier, la recherche dont nous parlons, celle en école supérieure d'art, si elle peut parfois s'inspirer de méthodes ou de protocoles utilisés dans d'autres lieux, elle le fait toujours pour mieux les bousculer, les remodeler, les hybrider et les reprogrammer. Car en effet, l'école d'art est aujourd'hui un écosystème très particulier : agencement d'acteurs hétérogènes, terrain d'expérimentation, lieux de rencontres et de débats incessants. Le fait même que la recherche ait lieu dans une école d'art lui procure une certaine allure, un profil. Par exemple, ce qui pourrait être une recherche linéaire conduit par un expert ne tient jamais longtemps dans une école d'art et très vite se mettent en place des pratiques de co-production, utilisant…