Le Quotidien de l'Art

Le chiffre du jour

XIV Comme Louis...

La décision d'abandonner l'usage des chiffres romains au musée Carnavalet, sans doute perçue comme anodine par ses initiateurs, suscite au contraire une onde de choc internationale. Révélée par nos confrères du Figaro il y a trois jours, elle a fait hier la une des quotidiens italiens – les romains comme Il Messaggero étant évidemment en première ligne pour défendre leur patrimoine immatériel. Louis 14 au lieu de Louis XIV, voilà qui n'est pas joli. Et avec Léon 2, comment distinguera-t-on le pape du remake de Luc Besson ? La désuétude progressive de la notation romaine face à l'arabe a du bon – on ne confondra plus un curriculum vitae avec le nombre 105 ni un vieux modèle Citroën avec 110 – mais sa mise en place dans les musées (le Louvre l'a fait pour la signalétique de ses salles et pour la transcription des siècles) traduit une prise de position problématique. Elle sous-entend que le public peut se contenter du moindre effort ou se satisfaire de son ignorance. Comment justifier en même temps l'ambition de l'instruire sur des matières complexes ? Pour les puristes, si passer de XVI à 16 est un petit pas dans un musée (tout comme l'effort minimal désormais demandé sur les chronologies), c'est un pas de géant vers l'abandon de la culture classique. De son côté, le musée Carnavalet estime qu'il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau, soulignant que, « sur près de 3 000 textes, cartels et contenus produits pour l’ensemble du nouveau parcours », seuls 170 textes ont adopté la « démarche d’accessibilité universelle » qui condamne cette numérotation que chérissaient pourtant Astérix et ses lecteurs... XXII, les Romains !

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