Dans le désert des expositions institutionnelles, la réouverture du Drawing Lab, lieu hybride entre centre d'art et galerie (doublé d'un Drawing Hotel aussi malmené que ses confrères) fait figure d'événement. D'autant que la proposition permet de voir certaines pièces de collections publiques : en l'occurrence, elles proviennent de la Cinémathèque française (vieux celluloïds de Paul Grimault pour le Roi et l'Oiseau ou délires visuels de Jodorowsky dans la Montagne sacrée) et servent d'aiguillon aux artistes contemporains. Mathieu Dufois dialogue avec un film maudit de Marcel Carné, jamais achevé, La Fleur de l'âge (1947), en reconstituant le décor à partir d'un unique dessin rescapé d'Alexandre Trauner tandis qu'Antoine Marquis se plonge dans l'esthétique des films scientifiques des années 30. Dans le monde sombre où nous nous enfonçons, les compositions de Camille Lavaud sont une bouffée d'évasion : elle crée de fausses affiches de films ou, plutôt, de vraies affiches de faux films... sortis tout droit de son imagination. Comme un bon vieux Duvivier de l'entre-deux-guerres, qu'on se serait précipité voir au cinéma. Heureusement, les salles sont fermées...
« Tout un film ! » au Drawing Lab (17, rue de Richelieu, 75001 Paris), du 16 janvier au 25 février.
drawinglabparis.com