L'annonce tombée fin novembre a eu l'effet d'un coup de tonnerre. Le prestigieux musée Benaki procédait à une vente aux enchères en ligne, du 30 novembre au 7 décembre, pour limiter les dégâts dus à la pandémie de Covid-19. Le Benaki est le poids lourd des musées en Grèce. Réparti sur dix bâtiments, il se compose d'un musée de l'Enfant, du seul musée d'art islamique du pays, de la collection de peintures de Hadjikyriakos-Ghika, l'un des peintres phare des années 1930, de la collection d'icônes et objets religieux byzantins Valadorou, du musée des Archives historiques, de l'ancienne usine de tissage Nima, des ateliers du sculpteur Yiannis Papas et des peintres Patrick et Joan Leigh Fermor, d'un musée ultra moderne de 8000 m2 consacré à l'art contemporain et surtout, juste en face du Parlement, dans un hôtel particulier de trois étages, du premier musée Benaki, dépositaire des plus belles collections relatant 5000 ans d'histoire nationale. Soit 500 000 pièces en tout sans compter les récentes acquisitions, disséminées un peu partout dans le pays. Benaki, du nom de son fondateur, le riche négociant Antónis Benákis, appartient à l'État grec depuis 1930, année de sa création.
Avant-gardiste, il a été le premier à avoir dans tous ses musées des boutiques où l'on pouvait trouver, outre des répliques des objets exposés, des créations modernes de tableaux, foulards et bijoux. Ces boutiques, avec la billetterie et les restaurants des musées, composaient l'essentiel des revenus du Benaki. La fermeture de plus de cinq mois des musées pour cause de confinement a cumulé un manque à gagner de deux millions d'euros, soit 400 000 euros par mois, qui sont très loin d'être comblés par la subvention de l'État, de 20 % à 30 % du budget du musée, d'où cette vente aux enchères.
Une initiative déjà prise par d'autres musées dans le monde à une différence près, capitale pour Nikos Trivoulidis, responsable du département ressources et développement du Benaki : « Il n'est pas question de vendre les pièces d'exposition, souligne-t-il. Nous devons les remettre aux générations futures. Benaki les a données à la nation, elles appartiennent donc à tout le monde. » Vœu pieux quand…