Le Quotidien de l'Art

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Drôle de Drolling

Drôle de Drolling

Aguttes se lance dans un secteur encombré, celui de l'Empire, où certaines maisons ont déjà un nom bien établi – comme celle de Jean-Pierre Osenat à Versailles. Dans cette première vacation, qui se tient symboliquement le 21 décembre (avant le bicentenaire de la naissance de Napoléon, qui sera fêté le 21 mai 2021), on trouvera des correspondances de l'Empereur, de Las Cases, Montholon ou Fouché, des memorabilia et de curieux objets à prix accessibles comme ce mannequin-retable de l'Empereur renfermant dans son ventre d'ivoire le traité de Tilsit ou ce canivet en papier découpé reconstituant l'environnement fantasmé de Sainte-Hélène, avec géraniums et saule pleureur. Ou encore ce portrait supposé de Robespierre par Martin Drolling (1752-1817), peintre allemand qui vécut longtemps à Paris et dont la cote a récemment dépassé 200 000 euros aux enchères. Autant que son talent dans le rendu des physionomies et des intérieurs d'une période charnière, c'est une légende de soufre qui a contribué à sa gloire : il aurait récupéré les cœurs des rois de France après le pillage des reliquaires de l'église Saint-Paul. En les broyant, il en aurait tiré un souverain adjuvant pour ses pigments, permettant de magnifier les rouges. Sur la fin de ses jours, il aurait mis son âme en paix en restituant le reliquat à Louis XVIII, y gagnant au passage une tabatière dorée...

Article issu de l'édition N°2074