Vivant dans le sud-ouest des États-Unis, les Indiens Navajos ont su préserver la singularité de leur culture. En témoigne la place qu’occupe, aujourd’hui encore, la peinture de sable dans leurs rituels de guérison. Les Navajos considèrent la maladie comme la manifestation d’un déséquilibre entre macrocosme et microcosme. Soigner consiste donc à rétablir l’harmonie. Pour ce faire, l’homme-médecine réalise une peinture à base de sable de différentes couleurs et indiquant les quatre points cardinaux. Inspirée des mythes navajos, l’œuvre est conçue en fonction de la pathologie du patient. Les couleurs comme les motifs obéissent à un code. Ainsi, le blanc symbolise l’aube et l’est tandis que les « bandes arc-en-ciel » (bleu, blanc et rouge) apportent force et protection. Le malade s'assied au centre de la composition et, porté par des chants, emprunte la « voie de la beauté » censée le mener à la guérison. Les hôpitaux situés à proximité reconnaissent la médecine navajo dont les soins sont pris en charge par les compagnies d’assurance. Quant à la peinture, contaminée pour avoir avalé la maladie, elle est dispersée aux quatre vents.
Pierre Lemarquis, L’art qui guérit, Hazan, 2020