On connaît l'homme d'État vieillissant, peignant sur les falaises de Madère, son barreau de chaise entre les dents. La fin bucolique de l'indomptable lion britannique... En réalité, Winston Churchill (1874-1965) avait pris depuis bien longtemps le virus de la peinture. Après l'échec sanglant de l'opération de Gallipoli en 1915, qui avait entraîné sa chute, cela avait été une bouée de survie. Dans sa traversée du désert de l'entre-deux-guerres, il en avait fait un moyen de se ressourcer, notamment en compagnie de son ami William Nicholson. C'est de cette époque que date ce tableau, que Sotheby's avait prudemment estimé entre 150 000 et 250 000 livres et qui a quadruplé les estimations, ce mardi à Londres, à 983 000 livres. De provenance impeccable (Averell Harriman, ambassadeur américain en Union soviétique puis époux de Pamela, divorcée du fils de Churchill), il rend hommage à une autre passion de sir Winston : le whisky, qu'il avait commencé à boire régulièrement dès les années 1890, en poste en Afghanistan pour rendre, disait-il, l'eau plus potable... La bouteille de Johnnie Walker Black Label est reconnaissable. Reste à identifier sa voisine, cognac ou armagnac, qui aurait un légitime motif de gloire.
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