Le labyrinthe judiciaire a débuté dans les années 1990, suite à la mort de l'entrepreneur barcelonais Julio Muñoz Ramonet. L'homme d'affaires, époux de Carmen Villalonga, fille du propriétaire de la Banque centrale espagnole, et père de quatre filles, avait légué dans son testament une collection de près de 900 pièces à la ville de Barcelone. De son vivant, le financier avait créé une trentaine d'entreprises et bâti un véritable empire du textile grâce à ses bonnes relations avec le régime franquiste, qui lui permirent d'acquérir de nombreuses usines à des prix très raisonnables, dont la Colonie Can Batllo ou les entrepôts El Aguila et el Siglo. Les problèmes économiques surviennent lors de la transition démocratique, notamment avec la faillite de la Compañía Internacional de Seguros (CIS), l'une de ses entreprises. Poursuivi par le fisc, Muñoz Ramonet se réfugie en Suisse en 1985, où il loge au luxueux hôtel Quellendorf (commune de Bad Ragaz) jusqu'à la fin de ses jours. Son dernier testament, rédigé en 1988, stipule qu'il lègue à sa mort son « domaine de Barcelone calle Muntaner 282-288, son parc, son jardin, et le palais de la calle Porvenir 26-28, ainsi que l'ensemble de leur contenu, à une Fondation portant [son] nom dont le but sera de veiller à la conservation et à l'entretien des lieux et à autoriser les visites et leur utilisation par le public, et placée sous l'égide de la ville de Barcelone ».
Trente ans de litiges
Le document avait été maintenu secret par ses héritières avant d'être…