C'est à l'âge de 82 ans, au lendemain de la mort de son compagnon de vie, le designer Enzo Mari, que l'historienne et critique d'art Lea Vergine a été, elle aussi, emportée par le Covid-19. Née en 1938, cette Napolitaine était une figure de proue de la critique d'art féministe de ces 50 dernières années et travaillait sur le Body Art et la performance. Elle s'était également fait connaître pour son exposition « L'autre moitié de l'avant-garde, 1910-1940 » qui s'était tenue en 1980 à Milan, où la commissaire rendait leur place aux nombreuses femmes qui œuvrèrent pour l'avant-garde, du Blaue Reiter au surréalisme. Lea Vergine en avait tiré un ouvrage homonyme quelques années plus et avait, à l'instar de sa contemporaine Carla Lonzi, donné un coup de pied dans la fourmilière d'une histoire et d'un milieu de l'art italiens majoritairement andro-centrés. Attristé par cette double perte, le ministre de la Culture, Dario Franceschini, a affirmé regretter le départ d'un « autre pilier de la culture italienne » tout en assurant que « son travail dans la critique d'art et dans le commissariat d'innombrables expositions laisse une marque profonde ».