Le Quotidien de l'Art

Marché

Une scénographie écolo-métallique

Une scénographie écolo-métallique
Détail de la scénographie sur le stand de la Galerie ALB, Paris, lors de l'édition 2019 de la foire.
© P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020.

Modulaire et recyclable : ce sont les maîtres mots du concept élaboré par l'architecte Dominique Perrault.

L’architecture de fonte et de fer du Carreau du Temple ne pouvait trouver mieux, pour se démultiplier, que la scénographie modulaire et métallique imaginée par l’architecte Dominique Perrault et la directrice artistique Gaëlle Lauriot-Prévost. Destinée à se déployer sur les 1800 m2 de surface dédiée au salon, ce système arachnéen s’offre comme une boîte à outils recyclable, une cimaise de treillis, une chenille d’étagères montées sur roulettes. Grand couturier des résilles métalliques, utilisées dans nombre de ses projets, à la Cour européenne de justice au Luxembourg comme à la BnF, Dominique Perrault n’a eu qu’à pousser un peu sa réflexion conceptuelle sur l’art d’exposer des œuvres contemporaines pour aboutir à cette épure nickelée. Exit alors le bon vieux white cube, place aux rayonnages industriels façon quincaillerie. L’idée est simplissime. Cinq modules, d’une largeur de 1,50 m, d’une hauteur de 3 m et d’une profondeur de 70 cm, forment ensemble un rang d’étagères qui peut encore se révéler bibliothèque, alcôve, réserve avec tiroirs, rack ou portant. Face à ce maillage de l’espace, le visiteur déambule. Il peut tout à la fois s’intéresser aux œuvres présentées dans telle ou telle galerie comme embrasser d’un coup d’œil toutes les autres exposées chez les voisins. L’espace est à la fois intime et collectif, protecteur et panoramique. Certes, on ne trouvera pas ici de festons et de garnitures. L’ensemble est fonctionnel, mais on a trop décrié les décors écrasants, tel celui dessiné par Gae Aulenti pour le musée d’Orsay, pour ne pas trouver à cette structuration de l’espace a minima des qualités. On respire. Mieux encore, chaque stand peut accueillir – en sus des pièces d’artistes – des mini-concerts, des performances, des causeries et des dégustations. On comprendra alors que l’installation prédispose le visiteur à la découverte. L’amateur peut circuler dans ce que de méchantes langues pourraient décrire comme un ersatz de grande surface de bricolage. Mais, précisément, Dominique Perrault bricole avec l’art contemporain depuis suffisamment longtemps pour savoir que cette approche « brut de décoffrage » tient à fois de l’esthétisation conceptuelle et de la mise à disposition populaire des moyens de s’instruire. En somme, l’architecte tisse tout un réseau de sensations que la froideur des matériaux pourrait faire croire inaccessibles : le minimalisme se fait ici complexité.

Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault.
Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault.
© P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020.
Vue générale de la scénographie conçue par Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault lors de l'édition 2019 de Galeristes.
Vue générale de la scénographie conçue par Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault lors de l'édition 2019 de Galeristes.
© P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020.

Article issu de l'édition Hors-série du 23 octobre 2020