Césaire et Senghor parlaient de « négritude », mais la sémantique actuelle n'ose plus trop employer ce terme : c'est pourtant bien de cela, de la fierté de porter cette blackness, qu'il s'agit dans l'œuvre de Toyin Ojih Odutola, lauréate du 9e prix Prat 2020 (doté de 20 000 euros), dans une édition placée sous le parrainage de Marie-Claude Beaud, directrice du Nouveau Musée National de Monaco (voir QDA du 7 juillet). Elle l'a remporté jeudi dernier, son œuvre ayant convaincu les associés du cabinet d'avocats Bredin-Prat, face à ses deux co-finalistes, Torey Thornton et Kei Imazu (pourtant excellemment défendue par son rapporteur, Florian Gaité, prix AICA France 2019). Née en 1985 au Nigéria, mais installée aux États-Unis dès son plus jeune âge, l'artiste évoque un monde où être noir serait la norme. Elle le fait en changeant la couleur de peau de stars blanches comme Picasso ou Tom Cruise, mais aussi en renversant les codes habituels : dans ses récits en images, l'upper class, dans des intérieurs design très « hockneyens » – avec plantes en pot, piano et jacuzzi –, est élégamment et naturellement noire.
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