Une centaine de voitures glissent à reculons sur l’avenue Paulista, un soir de semaine. Deux pistes de cette artère centrale de la capitale économique, São Paulo, vibrent au son des bip bip des respirateurs de soins intensifs émis par un haut-parleur. La performance filmique « Marcha à ré » (Marche arrière) réalisée par l’artiste Nuno Ramos du théâtre du Vertige est citée par différents acteurs du monde de la culture comme la création la plus marquante de ces dernières semaines. Cette œuvre dénonce de manière évidente la politique de Bolsonaro, alors qu’au moins 140 000 Brésiliens sont morts du coronavirus. Elle traduit aussi le malaise que chacun tente de décrire quand on essaye de comprendre si la censure, connue de tous pendant la dictature (1964-1985), est de nouveau en train de s’abattre sur les artistes.
« Elle ne dit pas son nom, elle est encore plus perverse que la censure officielle, mais toutes les institutions qui…