Au bout des nombreuses bandelettes jaunies et parfaitement superposées, pointe une toute petite tête verdâtre, au bec pointu entrouvert et à la lignée de minuscules dents plus vraiment inquiétantes. Ce varan du Nil a été momifié durant l'époque ptolémaïque, entre 323 à 30 av. J.-C. De 106 cm de long, il est unique au monde et particulièrement intrigant puisque les varans n'apparaissent pas dans l'iconographie égyptienne. Sa conservation et sa momification sont donc sujettes à nombre d'interrogations. Pour éviter qu'il ne se délite entre les outils des chercheurs, il est impossible de dénouer les bandelettes pour connaître son état de conservation. Merveille des nouvelles technologies, un écran interactif projette une imagerie numérique de la momie. Le dispositif permet de faire apparaître sa structure et de dévoiler ses mystères, des tissus qui l'entourent à son squelette. De quoi discerner qu'il ne reste que la tête, les pattes et la queue, d'ailleurs repositionnée à l'envers avant la momification. Cette momie de varan du Nil est l'un des objets les plus surprenants de l'exposition que le musée Granet consacre à l'Égypte, mettant en valeur sa riche collection constituée au cours des deux derniers siècles grâce à la présence de collectionneurs régionaux parmi la noblesse d'Ancien Régime puis de la bourgeoisie locale.
« Pharaon, Osiris et la momie », au musée Granet (Aix-en-Provence, jusqu'au 14 février 2021.