40 millions d’euros de pertes pour le Louvre, 800 000 euros pour le musée des Beaux-Arts de Lyon,1,5 million pour le château de Vaux-le-Vicomte – soit 19% de son budget... Sept mois après le déclenchement de la pandémie de Covid-19, on mesure l’étendue des dégâts dans les musées, privés de trois mois de recettes de billetterie et de privatisation. Les services mécénat sont aussi en alerte.
Depuis un an, les professionnels du secteur tremblaient déjà sur leur base : la loi de finance de 2020 réduit en effet le taux de défiscalisation de 60 à 40 % pour la fraction des dons excédant 2 millions d’euros. La dégringolade de 13,8 % du PIB au printemps et le spectre d’un chômage massif après les filets de sécurité renforcent leurs craintes. « Avec une perspective de récession de 10-11 %, on peut craindre un appauvrissement général. Difficile d’imaginer que l’action philanthropique n’en subisse pas les conséquences », s’inquiète Pierre Sellal, président de la Fondation de France.
Les situations diffèrent selon les institutions et les contextes. Prenons le cas lyonnais. La directrice du musée des Beaux-Arts de la ville, Sylvie Ramond, ne donne pas signe d’inquiétude. « Nous avons à nos côtés de belles entreprises de la région, fidèles depuis de nombreuses années, se réjouit-elle. Elles ont rapidement confirmé les engagements pris, notamment pour l’exposition Picasso. » L’enveloppe mécénat de la Biennale de la danse, décalée à 2021, a aussi été assurée. La levée de fonds sera en revanche plus ardue pour la Biennale d’art contemporain, reportée à 2022. L’un des partenaires historiques de l’événement, qui avait donné l’an dernier 75 000 euros, a d’ores et déjà déclaré forfait. « Nous sommes prudents, les entreprises ne peuvent pas se déterminer deux ans à l’avance, les années à venir sont floues », admet Yves Robert, directeur délégué de la Biennale de Lyon, qui maintient un objectif de mécénat de 1,5 million d’euros pour 2022.
À Paris, si l’Opéra a perdu 5 millions d'euros sur ses…