À première vue, cette plage artificielle en évoque immédiatement une autre : celle de Sun & Sea (Marina), cet opéra balte et balnéaire qui avait décroché le Lion d’or de la dernière Biennale de Venise, en 2019. Mais cette installation de l’artiste espagnol Enrique Marty, sobrement intitulée Sunbath, date de 2008. Alors que le pavillon lituanien lauréat avait été reconstitué dans un bâtiment de la zone militaire de l’Arsenal de la Sérénissime, ce tableau estival se déploie quant à lui à trente mètres sous terre. Recouvert de sable doré, son unique plaisancier a les traits du propre père d’Enrique Marty, comme la persistance rétinienne d’un souvenir de vacances obsédant. Nichée au bout d’un corridor, dans la crayère de l’escalier perdu, cette plage fait partie des œuvres de la 15e « expérience Pommery », rétrospective organisée par la maison de champagne dans son domaine à Reims et placée sous le commissariat de Nathalie Vranken, administratrice déléguée au mécénat de Vranken-Pommery. Baptisée « Introspection », oscillant entre l’appel du dehors et l’abri du dedans, cette exposition par nature confinée trouve une curieuse résonance au temps du coronavirus.
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