La marchande d’art Caroline Smulders et la galerie Karsten Greve (basée à Paris, St. Moritz et Cologne) s’allient cette année pour présenter un solo show de l’Américain Roger Ballen, en parallèle de son exposition monographique à la Halle Saint-Pierre (prolongée jusqu’au 3 janvier 2021). L’artiste de 70 ans, grand héritier du surréalisme dont le travail combine installations, dessins et photographies, a conçu lui-même le projet pour la foire parisienne : il y dévoile son univers fantasmagorique autour d’œuvres récentes, mettant en scène des poupées extatiques dans des compositions colorées, mais aussi des photographies noir et blanc plus anciennes, révélant les ambiguïtés de l’enfance. M. L.
À 50 ans, Invader (de son vrai nom Franck Slama), dont les créatures pixellisées ont colonisé le monde entier depuis 1996, est sans doute l’artiste français de street art le plus connu au monde. C’est à lui que la galerie parisienne Ange Basso, spécialiste en la matière, dédie cette année son stand à Art Paris, avec cinq œuvres, dont un jeu en mosaïque sur bois daté de 1999 (Space Battle 1) et une Grande Odalisque de 2005, d’après Ingres, réalisée en Rubik’s Cube. Les prix des pièces proposées vont de 10 000 euros à plus d’un million d’euros. Pour les bourses plus modestes, Invader y présente également des sérigraphies, livres « mosaïqués » et « kits d'invasion ». M. L.
Vernie en février dernier au CAC La Traverse à Alfortville, l'exposition « Seule la femme qui gratte le sol semble totalement étrangère à la folie des gens » a trop rapidement été fermée à cause de la crise. D'où ce solo show de Sarah Trouche, proposé ici par la galerie Marguerite Milin, qui se veut un prolongement : la plupart des œuvres qui y sont présentées étaient également exposées au CAC La Traverse. Toutes nous entraînent dans une déambulation autour d'un corps – le sien – qui, sidéré, souhaite devenir l'acteur de son implication au monde. L'ensemble des photographies, vidéos et sculptures de Sarah Trouche sont des réaffirmations de l'engagement total de la plasticienne : un engagement social, politique, féministe et écologique. Et, plus largement, une réflexion autour de la notion d'anthropocène. M. V.
Tellement floutés qu’ils sont soustraits à notre perception, les portraits du duo formé par Roberto et Renato Miaz s’apparentent à des fantômes. Ceux de philosophes, d’artistes célèbres et de proches dont les frères évoquent, par ce prisme, la disparition et leur effacement progressif de notre mémoire. Au croisement de la peinture et de la photographie, les portraits des Miaz Borthers naissent d’une pulvérisation de couches d’acrylique qui forment des millions de petits points. Juxtaposés les uns aux autres, ces pointillés troublent les contours des visages, effacent certaines lignes et forcent le public à s’interroger, non pas sur ce qui est représenté, mais sur ce qu’il perçoit. M. V.
La galerie Provost-Hacker présente une rétrospective des 25 dernières années de peinture du Franco-Algérien Mahjoub Ben Bella, installé à Tourcoing depuis 1975 et décédé en juin 2020. Influencées par une calligraphie arabe au rythme dansant, ses œuvres abstraites saturées de couleurs évoquent la terre chaude et ocre de son pays natal. Pour sa série Évasion, l'artiste a chiné, dans des brocantes, de petits tableaux figuratifs aux motifs divers qu'il a recouvert de son langage vibrant coloré. La plupart des œuvres exposées n’ont encore jamais été montrées au public et sortent directement de son atelier. Un hommage au peintre sera rendu cet automne à l'Institut du monde arabe, avant une rétrospective au MUba à Tourcoing en octobre 2021. A. M.