À l’approche des un an du site Komunuma – les locaux réhabilités par la Fondation Fiminco avaient été inaugurés lors de la FIAC 2019 –, les galeries d’art contemporain regroupées à Romainville synchronisent leur vernissage de rentrée en deux temps. « Une ouverture plus privée le samedi 12 septembre dans l’après-midi », détaille Antoine Laurent, directeur de la galerie In Situ, à laquelle succèdera « un moment plus ouvert et festif, avec notamment un food-truck, pour cette première occurrence d’« Un dimanche à la galerie » à Komunuma », selon Florence Bonnefous, co-fondatrice d’Air de Paris, qui souligne le « succès d’audience » rencontré par le Paris Gallery Weekend du mois de juillet. De tels événements s’inscrivent en effet dans le droit fil de la philosophie de Komunuma, qui a vocation à « fédérer les galeries en mutualisant leurs outils de travail et de communication », tel que le rappelle Vincent Sator. Le galeriste admet d’ailleurs « penser à des ouvertures dominicales plus régulières », auxquelles In Situ s’adonne fréquemment depuis 2017, avant même son installation en Seine-Saint-Denis. « L’éloignement de Paris s’est révélé plus psychologique que réel, et ce déménagement nous a permis d’accueillir des visiteurs plus avides de découvrir les artistes exposés. Des échanges plus vifs et profonds, centrés sur les œuvres, se sont même noués », affirme encore Vincent Sator. Et c’est bien là qu’apparaît tout l’attrait de Komunuma : « Proposer au public un seul point d’arrivée et de rencontre pour sillonner quatre galeries, et offrir une expérience dans des espaces vastes et ventilés (de 200 à 500 m2), sur plusieurs niveaux, où les collectionneurs peuvent passer une demi-journée et explorer nos réserves sur place », avance Antoine Laurent. Malgré la crise du Covid-19 ayant entraîné une fréquentation moins dense et un ralentissement des ventes (si Sator a déniché de nouveaux collectionneurs depuis son arrivée à Romainville, In Situ n’a pu concrétiser lors du confinement qu’un achat d’œuvre par une grande institution publique), les galeries de Komunuma se sentent « confiantes et plus fortes » grâce à cet esprit du « un pour tous, tous pour un » qui les anime, d’après Florence Bonnefous. D’autant que le site va connaître un nouvel élan avec les inaugurations des réserves du FRAC Île-de-France et de la Parsons School of Design au cours de l’automne, continuant ainsi à « regrouper différents intérêts » : privé et public avec les galeries et le FRAC, fondation et association avec le bailleur Fiminco et Jeune Création, ainsi que l’enseignement, désormais.komunuma.com
Belleville, une forte personnalité
Si le foyer des galeries de Belleville a connu quelques défections (Bugada & Cargnel a fermé, Antoine Levi a récemment déménagé dans le Marais… mais Anne de Villepoix s’y est installée il y a peu), il reste l’un des espaces les plus inventifs et défricheurs de la géographie parisienne. Les enseignes qui y ont ouvert au début du millénaire y venaient avec le souci de loyers moins élevés, mais aussi à la recherche d’interactions avec un quartier bariolé et non gentrifié, et d’ouverture sur la jeune création internationale. Cette empathie avec le monde actuel se lit dans la situation que nous vivons : Sultana fait le choix d’une exposition collective qui remet en perspective le statut de l’artiste en pleine crise, introduite par un texte manifeste de Paul Maheke, Eko Sato accueille Florence Brodard, qui relie présent et passé avec sa technique ancestrale du tricot, tandis qu’Anne de Villepoix donne la parole à Godwin Namuyimba, jeune artiste d’une réalité dont nous ne savons à peu près rien, l’Ouganda.