Un événement national comme « Un Dimanche à la Galerie » permet d’amplifier l’audience. Pour Marie-Christine Dulucq qui dirige depuis 12 ans la galerie DX dans la cité girondine, cela passe par une reconnaissance parisienne, via la participation à des foires internationales dans la capitale, en plus du week-end des galeries bordelaises (soit quatre adresses pérennes), qui fait venir un peu de monde fin novembre. À Nice, ville de 400 000 habitants (un million en été), c'est la même problématique. « Pour voir les collectionneurs niçois, il faut participer aux foires parisiennes, difficile d’exister sans cela », note aussi le galeriste Christian Depardieu, qui organise de nombreux événements culturels dans son espace (projections de films, concerts, lectures théâtrales, conférences). Eva Vautier, qui a fondé sa galerie en 2011, s’en sort bien en présentant un choix d’artistes bien ancrés localement, comme Ben (dont elle est la fille) et l’École de Nice. Tous utilisent beaucoup les réseaux sociaux pour se faire remarquer. « Avec mon voisin Henri Chartier, nous serons deux galeristes dans la même rue à ouvrir le dimanche 13 septembre », se réjouit la galeriste lyonnaise Valérie Eymeric, qui présentera notamment des artistes que l'on ne voit pas à Paris, comme le peintre lyonnais à succès Alain Chevrette.
De magnifiques espaces d’exposition
Ceysson & Bénétière, qui a débuté à Saint-Étienne en 2005, est portée par un réseau international. « Nous nous sommes développés là-bas en parallèle à nos activités à Paris, Luxembourg, New York et Genève. Les collectionneurs sont les mêmes, passionnés, actifs et curieux. Même si nous avons moins de passage qu’à Paris, nous avons une activité très soutenue et réalisons des ventes similaires à nos autres enseignes, lance son directeur, Loïc Bénétière, qui va ouvrir un nouvel espace stéphanois de 1000 m2 l’an prochain, pour pouvoir proposer à nos artistes des expositions d’envergure et accueillir au mieux les collectionneurs de province et d’ailleurs. » Même combat depuis 1996 à Clermont-Ferrand pour Claire Gastaud, de la galerie éponyme, que l’on rencontre aussi dans les foires parisiennes : « Au départ, cela semble une équation impossible. Mais si on fait un travail sérieux, on arrive à capter les collectionneurs de toute la région, jusqu’à Saint-Étienne et Lyon ». Elle jouit d’un très grand et bel espace qu’elle n’aurait pas à Paris, juste en face du FRAC Auvergne. Elle a su obtenir la confiance d’artistes importants, comme Nils-Udo ou Frank Stella, en les aidant à développer des projets hors les murs. Un choix qui peut donc s'avérer avantageux, finalement.
Oniris, l’exemple breton
Fondée en 1986 à Rennes par Yvonne Paumelle, la galerie Oniris a construit sa réputation grâce à une ligne directrice très marquée portant sur l’abstraction géométrique, en soutenant des artistes confirmés comme François Morellet, Claude Viallat (objet d'une exposition jusqu'au 19 septembre), Vera Molnár et Geneviève Asse. Reprise par son fils Florian en 2012, l’enseigne rennaise a enrichi sa programmation abstraite avec de nouvelles signatures à la ligne très colorée, telles Frédéric Bouffandeau, Soo-Kyoung Lee, Guillaume Moschini ou encore Olivier Petiteau. « On a toujours été très mobile ; c’est important lorsqu’on est en province. On s’est fait connaître sur les foires et salons européens. » Le FRAC Bretagne et le musée des Beaux-Arts de Rennes (qui prépare une exposition sur les travaux informatiques de Vera Molnár en 2021) orientent facilement les visiteurs vers la galerie, et inversement. « Nous recevons surtout des collectionneurs parisiens et normands, de passage dans la région. Les Rennais ne nous connaissent pas beaucoup. Comme l’an dernier, « Un Dimanche à la Galerie » va leur permettre de découvrir notre espace. »