Son nom évoque la terre marécageuse du bras disparu de la Seine, dont on fit des jardins maraîchers à partir du XIIIe siècle afin de subvenir aux besoins agricoles. De cette étymologie, Tristan van der Stegen, directeur de la galerie Xippas, qui s'y est installée en 1989, retient surtout la notion de culture, encore intimement liée au quartier. En plein centre de la ville, où institutions artistiques, boutiques de mode ou design et monuments historiques se côtoient, le Marais demeure « the place to be » pour les galeries d'art, qui ont commencé à y germer nombreuses dès les années 1980. Un développement initié par Yvon Lambert lorsqu'il s'installa rue Vieille du Temple en 1986, que le milieu de l’art parisien avait alors rapidement suivi. Beaucoup d'entre elles n'ont pas bougé depuis : les galeries Pascal Gabert (1986), Jean-Gabriel Mitterrand (1988), Papillon (1989) ou Filles du Calvaire (1996)... Aujourd'hui, le quartier n'a rien perdu de son attractivité, comme en témoignent l’implantation de Max Hetzler (2014) ou les arrivées plus récentes des galeries Zwirner, inaugurée l'an dernier, d'Orbis Pictus (sur l'emplacement de Thessa Herold) et W Landau, l'ouverture annoncée de Lévy Gorvy dans les anciens locaux de l'Espace Claude Berri ou encore le développement de Christian Berst qui ouvre un second espace le 15 octobre. Dans l’ensemble, le quartier fédère aujourd'hui plus de 80 galeries, spécialisées pour la plupart en art moderne ou contemporain, avec un groupe spécialisé en photographie : Baudoin Lebon, Filles du Calvaire, Sit Down, Polka, Thierry Bigaignon... Si la hausse des loyers a pu décourager certains débutants d'y élire domicile, préférant les prix plus doux de Belleville, plusieurs jeunes enseignes confèrent au quartier son identité audacieuse et expérimentale. La H Gallery (née en 2016), près de la République, met par exemple à l’honneur un duo d’artistes féminin, Becquemin & Sagot, qui explore dans ses vidéos et performances les rouages économiques, sociologiques et écologiques de l'industrie du loisir, où l'artifice est roi. La galerie Laure Roynette (créée en 2011), rue de Thorigny, a pour sa part rassemblé neuf jeunes artistes, tous âgés entre 25 et 29 ans, autour d'un thème central de l'histoire de l'art, les Vanités. S'y côtoient crânes bleus électriques en céramique reluisante (Maxime Llorens) et pierres tombales revêtues d’inscriptions en langage sms (Damien Moulierac). La diversité des propositions du quartier sera évidemment visible lors du « Dimanche à la Galerie » : des géométries d'Alain Biltereyst (Xippas) ou Farah Atassi (Almine Rech) aux tours d'Isa Genzken (Zwirner), des vêtements-sculptures de Nathalie Talec (Maubert) aux encres de Louis Soutter (Karsten Greve).
Marais.guide, les galeries à un clic
Afin de rendre plus lisible l'offre pléthorique du quartier, les galeristes ont uni leurs forces pendant le confinement pour mettre en place l’application et site web marais.guide. Il s’agit d’un plan complet des galeries du Marais, proposant des idées de parcours dans le quartier de manière totalement gratuite. La plateforme regroupe une cinquantaine de galeries et propose aux utilisateurs quatre parcours géolocalisés d'une durée comprise entre 1 h 45 à 3 h 15, des informations sur les événements collectifs des galeries, et des rendez-vous avec les galeristes. « C'est une initiative qui permet de resserrer les liens entre galeristes, et qui a l'atout d'être « glocale ». Elle permet de cultiver la dimension internationale localement, ce qui est particulièrement important pendant cette période où les personnes voyagent moins », explique Tristan van der Stegen.