Le Quotidien de l'Art

Marché

« Un événement national grâce à la mobilisation de 160 galeries dans 10 régions »

« Un événement national grâce à la mobilisation de 160 galeries dans 10 régions »
Marion Papillon
© Galerie Papillon.

Marion Papillon

Comment est né « Un Dimanche à la Galerie » ?

Le Comité professionnel des galeries d'art est, en tant qu'organisation représentative de la profession, un interlocuteur privilégié pour les pouvoirs publics et les professionnels du secteur en contribuant aux politiques culturelles. Parmi ces missions, et ce depuis 70 ans, il y a aussi celle de valoriser le métier au sens large, des antiquaires ou marchands d'art moderne aux galeries spécialisées sur une période ou un médium, ou encore dédiées à l'art contemporain. Désireux de faire connaître l'offre artistique et culturelle que représentent les espaces des galeries d'art, gratuits et accessibles à tous et toutes, le Comité organise chaque année en septembre depuis 2015 « Un Dimanche à la Galerie ». Initié sous la présidence de Georges-Philippe Vallois, il réunit dès la première année plus de 100 galeries, soulignant toute la diversité et la richesse des expositions en début de saison. En 2020, dans ce contexte inédit, ce sont plus de 160 galeries participantes, conscientes de la nécessité d'une énergie collective, qui font rayonner l'événement. Pour la deuxième année consécutive, « Un Dimanche à la Galerie » est un événement national grâce à la mobilisation et la motivation des galeries dans 20 villes et 10 régions. 

Comment la manifestation s'inscrit-elle dans l'écosystème actuel ? 

Les lieux culturels se sont démenés ces dernières années dans la course aux chiffres de fréquentation. Chaque capitale – ou presque – aujourd'hui accueille une foire d'art. Qu'elles se focalisent sur l'art moderne ou contemporain, le design ou encore la photographie, ces foires ont contribué, elles aussi, par leur médiatisation, à élargir les publics, mais aussi finalement à identifier et à solliciter des collectionneurs, des acheteurs d'art, voire des prescripteurs du marché de l'art. Ce secteur culturel et économique à part entière s'est ainsi progressivement professionnalisé et élargi. Les arts visuels au sens large, ce sont aujourd'hui non seulement des emplois directs et indirects, mais aussi une forte valeur ajoutée en termes de consommation induite, le tourisme culturel impliquant hôtels, restaurants, shopping. 

Pourquoi faire venir du monde dans les galeries ? 

Parce que des artistes plus historiques, voire classiques, mais peu reconnus, bénéficiant du travail de promotion fait par un galeriste, pourront trouver leur place dans l'histoire de l'art ; parce que les visiteurs pourront y appréhender la démarche des artistes dont les œuvres ont déjà intégré les collections des musées sans que ces derniers leur aient encore consacré de rétrospective ; parce que ce sont des lieux où l'on peut découvrir des artistes émergents, qui sortent parfois tout juste de l'école, dont le travail est mis en lumière grâce à ces professionnels. « Faire un tour des galeries » régulièrement, c'est multiplier les occasions d'aller à la rencontre des œuvres physiquement – il est important pour les artistes que leur travail soit vu. Acquérir une œuvre, c'est souvent de l'ordre de la rencontre, du coup de cœur et/ou le fruit d'échanges bien réels que les galeristes contribuent activement à faciliter. Ils sont les protagonistes incontournables du marché de l'art, ils devraient être mieux identifiés par un public d'amateurs, d'initiés, mais aussi de collectionneurs en devenir. 

L'édition 2020 est un tournant, en raison de l'épidémie : quand a été confirmée sa tenue ?

Pendant le confinement, le Comité s'est mobilisé pour apporter informations et conseils à ses membres. Il a mené de nombreuses réflexions sur un plan de relance du marché pour faire face à l'impact de la crise. Les discussions avec les pouvoirs publics se poursuivent concernant les aides économiques aux galeries et aux artistes, mais aussi pour qu'une attention particulière soit accordée aux budgets d'acquisition des musées comme du CNAP ou des FRAC, par exemple. Pour cette rentrée 2020, à l’heure des incertitudes quant à la tenue des foires d’automne, il était donc primordial de souligner la volonté forte des galeries de poursuivre leur travail, en termes de promotion, d'accompagnement des artistes, de production, aussi bien que de vente d'œuvres. Après la réouverture des espaces le 11 mai dernier, les membres du Conseil de direction du Comité ont souhaité qu'« Un Dimanche à la Galerie » soit rapidement organisé à la rentrée. C'est l'opportunité de donner un signe de vitalité, d'insuffler une réelle dynamique au secteur pour mobiliser le public dès septembre. La crise que nous traversons est sans précédent et, comme pour de nombreux autres secteurs, l'impact est lourd et inquiétant. Les galeries sont majoritairement de très petites entreprises, elles doivent aujourd'hui plus que jamais réagir pour être en mesure de poursuivre leurs activités. Il faut innover, il faut certainement créer de nouvelles collaborations avec différents acteurs ; les foires qui ont par le passé contribué à l'évolution du marché doivent faire partie de ces partenaires privilégiés. Mais, plus que jamais, ces collaborations doivent renforcer les galeries. Professionnels, collectionneurs et amateurs sont attendus dans les galeries, leur soutien est indispensable pour accompagner la relance nécessaire du secteur dans son ensemble. 

La crise met en péril un certain nombre de galeries. Quelles sont les mesures les plus urgentes à prendre pour les soutenir ? 

Depuis 70 ans, le Comité s'est toujours mobilisé pour accompagner au mieux les galeries dans l'exercice de leur métier, grâce à l'impulsion des président(e)s et à l'implication des différents conseiller(e)s. Avec cette crise, nous devons poursuivre ce travail auprès des pouvoirs publics, du ministère de la Culture bien sûr, mais aussi avec les professionnels qui sont nos interlocuteurs quotidiens, auprès du ministère des Finances qui doit prendre la mesure des caractéristiques de notre secteur. Nous demandons la mise en place rapide de nouvelles mesures spécifiques afin de favoriser la relance : prêt à taux zéro pour les particuliers pour l'achat d'œuvres d'art, élargissement aux professions libérales des incitations fiscales dédiées aux entreprises qui achètent des œuvres, mise en adéquation de la règlementation concernant l'exportation des œuvres d'art avec le marché. Les collectionneurs sont eux aussi des partenaires incontournables. C'est pourquoi le Comité tisse des partenariats avec l'ADIAF, par exemple, et se fait le relais naturel de leurs actions et de leur engagement pour soutenir le marché. Les galeries interagissent avec leurs clients et partenaires, elles se coordonnent et se fédèrent plus facilement que par le passé. Cela est d'autant plus positif qu'elles font face à une concurrence accrue à l'échelle internationale. Le développement de nouvelles pratiques collaboratives devrait permettre à la France de renforcer sa place mondiale, en gagnant notamment en visibilité. 

Fahamu Pecou exposé à la galerie Backslash lors de l'édition 2019 d'« Un Dimanche à la Galerie »
Fahamu Pecou exposé à la galerie Backslash lors de l'édition 2019 d'« Un Dimanche à la Galerie »
© Emmanuel Guimier.

Article issu de l'édition Hors-série du 11 septembre 2020