C'est à ce stade de l’instruction le montant des dommages causés par les ventes par la galerie Kraemer de meubles Boulle suspectés d'être des faux. Citant ce chiffre dans son arrêt du 24 juin, la Cour de cassation a confirmé la validité de la saisie en 2017 de son hôtel particulier rue de Monceau, évalué par les Domaines à 23,5 millions d'euros. Pour la cour, la saisie se justifie par le fait que cet immeuble de cinq étages servait tout entier « de mise en scène à la vente du mobilier et des objets d’art, déterminant les clients à acheter des articles de grande valeur, et constituait dès lors l’instrument de la tromperie. » Elle considère aussi que le placement de la société en procédure de sauvegarde, ou même le fait qu’elle n’était pas alors mise en examen, n’interdisent pas la saisie. L’hôtel particulier avait été acquis en 1928 par le fondateur de la dynastie, Lucien Kraemer, avec l'immeuble voisin devenu le musée Nissim de Camondo. Dans cette affaire, comme l’avait révélé le QDA le 17 mai 2018, un couple d’ébénistes, Jacques et Colette Poisson, ainsi qu’un sous-traitant, Michel Rocaboy, ont été mis en examen à la suite de Laurent et Olivier Kraemer. Tous plaident leur innocence, les Kraemer affirmant avoir toujours eu foi dans l’authenticité des meubles vendus, même si elle est désormais sérieusement mise en cause par une suite d’expertises judiciaires. En parallèle, un client monégasque a introduit une demande de réparation au civil pour treize meubles et objets d’art qu’il a payés 13,5 millions d'euros.
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