« J'ai décidé de renforcer encore les mesures pour réduire nos déplacements et nos contacts au strict nécessaire. » Le 16 mars dernier, Emmanuel Macron annonçait le confinement généralisé du pays pour le lendemain. Les chantiers du BTP, au même titre que ceux engagés dans les musées et monuments historiques, sont contraints de cesser toute activité séance tenante. « 80 % des opérations ont été stoppées pendant le confinement, à l’exception de petits chantiers entrepris en région avec des équipes restreintes. Il a fallu attendre le début du mois de juin pour que tous reprennent », constate Frédéric Létoffé, co-président du GMH (groupement des entreprises de restauration des monuments historiques). Sans surprise, la première conséquence de cette pause obligée se compte en semaines de retard tandis que la reprise rime avec une organisation casse-tête.
Aménageant ses combles pour gagner en surface d’exposition après la délocalisation de ses bureaux, le musée de la Chasse et de la Nature a repris les travaux d’agrandissement. « Avec le confinement, le bâtiment ne pourra pas être livré au mois de juillet, comme c’était prévu au départ, regrette la directrice de l’établissement parisien Christine Germain-Donnat. Il le sera d’ici la fin de l’année 2020 pour une ouverture en février ou mars 2021, avec une exposition consacrée à l’artiste Damien Deroubaix. » Les différents chantiers du musée des Augustins à Toulouse sont, quant à eux, habitués aux ajournements : « Nous avions déjà accusé un retard en 2018, explique le directeur du musée Axel Hémery. En décembre de cette année, des personnes en marge des manifestations des Gilets Jaunes s’étaient introduites sur le chantier et y avaient mis le feu. Nous avions dû prendre des mesures de protection du chantier et cela avait provoqué un premier délai. » Le confinement s’est donc ajouté au premier retard. Et si certaines entreprises de restauration y œuvrant ont pu recommencer les travaux dès le 4 mai, « la reprise est très dégradée et le rythme différent de ce qui avait été prévu », regrette Axel Hémery, qui envisage une livraison approximative du chantier début 2021. « Sur les 200 personnes habituellement présentes, on en compte actuellement 50 », détaille-t-il. Les soucis sont similaires à la Bourse de Commerce, dont l’inauguration n’aura pas lieu avant le printemps prochain. « Aujourd’hui, nous avons atteint la limite du nombre d’ouvriers qu’il est possible d’avoir sur un chantier, admet le directeur général de la Pinault Collection Jean-Jacques Aillagon. S’il est facile de mettre deux mètres de distance entre les personnes dans un bureau, cela s’avère plus complexe sur un chantier. » L’incidence de ce retard se fait même sentir sur la programmation du futur espace parisien : l’exposition d’inauguration sur Charles Ray a dû être reportée en 2022.
Éviter tout risque
Suite à l’inauguration de son nouveau pavillon d’accueil, le musée national du Moyen-Âge – Cluny est au cœur d’une seconde phase gigantesque de travaux, entamée en septembre 2019 initialement pour 20 mois, portant sur la rénovation et la mise aux normes de son bâti. « Les travaux se sont interrompus dès le 16 mars, et ne reprennent timidement que depuis le 2 juin. Toute l’organisation du chantier est repensée : faire un séquençage plus fin…