Mardi 2 juin, en écho à l'assassinat raciste de George Floyd par un policier et aux manifestations anti-racistes aux États-Unis, fleurissaient sur les réseaux sociaux, et notamment Instagram, les carrés noirs arborant les hashtags #BlackOutTuesday et #BlackLivesMatter. De nombreux musées américains, mais aussi la Tate de Londres ou le MAD à Paris, emboîtaient le pas – avec parfois quelques retours de bâton comme celui essuyé par le Guggenheim Museum auquel la curatrice africaine-américaine Chaédria LaBouvier reprochait sur Twitter d'avoir « effacé son travail », le Whitney Museum, le Palais de Tokyo, le San Francisco MoMA, accusés de vouloir se dérober trop facilement à la question de la représentation des noir.e.s dans leur institution. Car elles sont rares celles qui, au-delà des déclarations de bonnes intentions, engagent une réelle démarche de diversité dans le recrutement de leurs équipes (lire notre enquête « Musées : la difficile intégration des afro-descendants » du 22 mars 2019) ou la présentation d'artistes noir.e.s. À Minneapolis, ville où a été tué George Floyd, le Minneapolis Art Institute et le Walker Art Center ont décidé de rompre leurs liens avec la police locale, dont certains officiers sont employés pour leur sécurité. Directement concerné par la question de la lutte anti-raciste, le National Museum of African American History and Culture, partie de la Smithsonian Institution à Washington, a publié sur son site un portail, Talking About Race, nourri des recherches de ses équipes sur le sujet et proposant de nombreux textes, afin d'« engager la conversation sur la race ».