L’An 01, de Jean Rouch, Jacques Doillon et Alain Resnais, est un OVNI post-soixante-huitard dont le message est en substance celui-ci : « On arrête tout et on réfléchit »… Un film primordial pour la designer matali crasset, qui a profité du contexte du confinement pour le montrer à ses étudiants de la HEAD, l'école de design genevoise, à l'occasion d’un workshop à distance. « Ce que je voulais faire comprendre à mes étudiants, c’est qu’en cette période de crise sanitaire, nous sommes tous condamnés à réfléchir. » Les designers ont été nombreux à profiter de l’épidémie pour développer leur vision du « monde d’après ». Avec le réchauffement climatique, les dégâts de l’anthropocène… voilà un moment qu’ils s'interrogent. Une démarche qui leur est consubstantielle, pour Emmanuel Tibloux, directeur de l’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs) : « La crise est le berceau du design. Le moment auquel on situe sa naissance, soit le milieu du XIXe siècle, est une période de crise, au sens où celle-ci voit coexister, sur un mode conflictuel, deux régimes de production et de vie : l'ancien régime préindustriel et le nouveau régime industriel qui émerge difficilement », expliquait-il dans la publication spécialisée Lille-Design paper.
Les étudiants en design se demandent notamment quel sens il y a à produire encore de nouveaux objets jetables. Ils cherchent à explorer d'autres pistes que la collaboration avec éditeurs et fabricants qui leur reversent des royalties et le rappellent : le design est une discipline qui embrasse des champs beaucoup plus vastes, qui ont pour vocation de répondre aux enjeux de demain. Parmi eux, citons le design thinking, le design du care ou le design spéculatif. Dans les mois qui viennent, ce dernier risque de prendre une ampleur inattendue puisque sa mission est d'anticiper le…