Jean-Charles de Quillacq (Montrouge 2011)
Fabrication de soi
Est-ce possible de ne pas tenir compte des relations personnelles dans l’appréciation d’un travail artistique ? Est-ce que le débat d’idées peut se dissocier du corps des intervenants qui le fabriquent dans un contexte ? « Je rends explicite le désir de séduire et l’injonction à 'se vendre' qui rentre en jeu dans les relations de travail du milieu artistique. D’où l’exposition de mon corps offert au regard, ou les protocoles d’échange avec les visiteurs », évoque Jean-Charles de Quillacq, dont l’exposition à la galerie Marcelle Alix a été reportée à la fin du confinement. Qu’il moule le nez de visiteurs qui, en échange, ont six minutes pour faire ce qu’ils voulaient avec l’artiste (à la dernière Biennale de Rennes), ou qu’il expose ses autoportraits de candidature pour un film d’Alain Guiraudie, le travail de Jean-Charles de Quillacq n’élude pas les rapports de pouvoir, de dépendance et de compromis liés au travail. Le titre de son exposition, « Autofonction », renvoie à la fois à l’auto-érotisme (« Je me suis intéressé à la manière dont la philosophe Cynthia Fleury signale que la masturbation est possible car nous avons l’altérité en nous », explicite l’artiste), mais aussi à la capacité des…