Décédée le 18 mars à l’âge de 92 ans, Angelica Savinio était née à Paris en 1928, où son père Alberto Savinio s’était installé en 1926, pour se rapprocher de son frère Giorgio de Chirico. De retour en Italie, ce sont les nécessités de la vie qui l’ont poussée dans le monde de l’art. Séparée, avec deux petites filles à charge, elle accepta la proposition de la galerie Marlborough de reprendre un espace consacré aux arts graphiques, Il Segno, Via Capo le Case, à Rome. « Elle l’a inaugurée en 1964 avec un accrochage de Piero Dorazio, explique sa fille Francesca Antonini. L’année suivante, elle a monté « American Supermarket », la première exposition en Italie consacrée au pop art, avec Warhol, Lichtenstein et pairs, en ayant aménagé l’intérieur comme un supermarché. » Bien que proche de son oncle Giorgio de Chirico – « Nous allions le saluer une fois par mois, le dimanche à midi, dans son appartement qui était tout proche, Piazza di Spagna » –, Angelica Savinio défend d’autres artistes : Man Ray, Max Ernst, Melotti, Fontana, Scialoja, Burri… Si la galerie a changé de nom depuis que sa fille, qui travaillait à ses côtés depuis 1992, l’a reprise de façon officielle avec la grande fête des 50 ans en 2014 (en imprimant une nouvelle ligne, avec de jeunes artistes), elle n’a jamais changé d’adresse et se trouve aujourd’hui par hasard à deux pas de l’antenne de Gagosian. Avec l’Attico de Fabio Sargentini, c’est l’une des dernières rescapées de la Dolce Vita romaine.