Alors que le monde du BTP hésite sur la poursuite de ses activités dans le contexte de pandémie actuelle, le général Georgelin, à la tête des travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a fait montre de ses qualités militaires. En concertation avec les entreprises et l’architecte en chef des monuments historiques, il décida en responsabilité, le 16 mars, de suspendre le chantier dont les conditions ne permettaient pas de respecter les « gestes barrières ». Une semaine plus tard, le 23 mars, devait débuter le démontage délicat de l’échafaudage qui était en place lors de l’incendie. Ses quelque 10 000 tubes métalliques, fusionnés dans la chaleur des flammes, servent en partie de structure aux murs fragilisés de la cathédrale. Il fallait éviter qu’une interdiction administrative oblige de cesser cette opération épineuse à mi-parcours. Sur le chantier déserté jusqu’à nouvel ordre, seules la sécurité et la sûreté du chantier sont maintenues à grands renfort de rondes par astreinte et de réunions hebdomadaires sur site dont la première a eu lieu ce 23 mars. « La cathédrale est bardée de capteurs consultables à distance afin d’être très réactif au moindre mouvement », rassure un porte-parole du chantier, dans lequel des individus ont réussi à s'introduire le 17 mars pour tenter, sans succès, de dérober des pierres.
« À distance », tel est le nouveau credo pour tout un chacun dans cette période. Le chantier n’en est pas exempt et improvise le télétravail. Les architectes poursuivent les études et diagnostics pour les travaux prioritaires. Côté établissement public, les équipes instruisent les devis et commandes pour préparer les futures phases de sécurisation de l’intérieur des voûtes, de dépose de l’orgue, de déplombage et de pose d’un parapluie pour mettre le monument hors d’eau. Le deuxième conseil d’administration qui doit se tenir en avril se fera par consultations écrites. Du côté des équipes scientifiques, le travail est perturbé par la fermeture des laboratoires. « On invente d’autres manières de travailler. Ce n’est pas évident, car les…