« Éternuer / Terre et nuée d’éther », « De l’alphabet au bétabet », « Hermétiquement ouverte » : autant de formules de Gherasim Luca (1913 - 1994), grand magicien de la langue française, talent partagé avec ses compatriotes roumains comme Ionesco et Cioran. Né en 1913 à Bucarest, grand ami de Victor Brauner (bientôt au musée d’Art moderne de la Ville de Paris), il avait été montré au Centre Pompidou en 2018. Cette nouvelle exposition, organisée par Michel Scognamillo à partir des collections de sa veuve, remplit les deux étages de la librairie Métamorphoses. Des manuscrits, mais aussi des dessins des années quarante, à tourbillons, à entrelacs ou à petits points, et ces cubomanies – collages où il déconstruit des œuvres fameuses en petits carrés – qui eurent de nombreux amateurs, dont Jean-Jacques Lebel (on en verra une au musée d’Arts de Nantes à partir du 28 mars). L’esprit est là, et l’humour (cachant la tragédie : il se suicidera en se jetant dans la Seine) jamais loin : le voir déclamer à l’écran son Quart d’heure métaphysique est une gymnastique salutaire.
Librairie Métamorphoses, 17, rue Jacob, 75006 Paris, jusqu’au 7 mars.
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