Suite à un appel à candidatures lancé en septembre dernier, à l'arrivée d'Emma Lavigne à la présidence du Palais de Tokyo, deux curateurs ont été recrutés par l'institution. Il s'agit des Français Cédric Fauq et François Piron, qui chacun à leur manière placent le politique au cœur de leur pratique curatoriale. Le premier, âgé d'à peine 28 ans, est curateur depuis 2017 à Nottingham Contemporary, en Grande-Bretagne, où il a co-signé l'exposition « Still I Rise: Feminisms, Gender, Resistance, Act 1 » et invité des artistes telles que Linder, Grace Jones ou la Vietnamienne Sung Tieu. Co-fondateur de l'espace indépendant clearview.ltd en 2016 à Londres et co-curateur de la Baltic Triennial 13 en 2018, il a suivi en 2014-2015 des recherches à l'EHESS et obtenu en 2017 un master de commissariat d'exposition en art contemporain au Royal College of Art de Londres. Curateur, critique d'art et éditeur, François Piron, 48 ans, est responsable du post-diplôme à l'école des Beaux-Arts de Lyon depuis 2012 et co-dirige les éditions Paraguay Press, après avoir été co-directeur des Laboratoires d’Aubervilliers de 2001 à 2006, puis du project space castillo/corrales, à Paris, de 2007 à 2015. Commissaire de la Biennale de Rennes en 2016, il a curaté avec Guillaume Désanges l'exposition « L’Esprit français. Contre-cultures 1969-1989 » à la Maison rouge à Paris en 2017 et en solo « Nouvelles Impressions de Raymond Roussel » au Palais de Tokyo en 2013, ou encore « Poésie prolétaire » en 2019 à la Fondation d'entreprise Ricard. Cédric Fauq et François Piron rejoindront à partir du 1er avril l'équipe curatoriale du Palais de Tokyo menée par Emma Lavigne, aux côtés de Daria de Beauvais, Adélaïde Blanc, Vittoria Matarrese, Yoann Gourmel et Hugo Vitrani – une team très française et à parité hommes-femmes. Lors d'une conférence de presse jeudi 23 janvier, la présidente a également fait part de l'arrivée de Michael Schischke au poste de directeur des relations extérieures. Avouant avoir toujours eu un « désir fou pour le Palais de Tokyo », Emma Lavigne a dévoilé les grandes lignes de la saison culturelle à venir : divisée en deux parties, « Fragmenter le monde » débutera le 21 février avec l'exposition personnelle « Le milieu est bleu » d'Ulla Von Brandenburg, et la controversée « Notre Monde brûle », conçue avec le Mathaf au Qatar (lire l'Hebdo du 10 janvier). Elle précise : « Cette manifestation a été décidée avant mon arrivée mais je m'inscris à 200 % dans cette collaboration. L'exposition est engagée et devrait nous questionner sur notre rapport au monde et en proposer des récits alternatifs ». Celle curatée par Marie-Ann Yemsi, « Ubuntu, un rêve lucide », lancera quant à elle la deuxième partie de la saison le 19 juin. En octobre, une carte blanche sera donnée à la performeuse Anne Imhof tandis que les travaux de la jeune artiste Aïda Bruyère seront présentés dans le cadre du 64e prix du Salon de Montrouge dont elle fut lauréate en 2019. De leur côté, les artistes Maxwell Alexandre et Libia Posada profiteront du programme de résidences. Emma Lavigne a également évoqué quelques projets pour les années à venir : en 2021, le Palais de Tokyo accueillera une exposition sur la peinture et une large monographie sur le travail de Miriam Cahn, tandis que la présidente souhaite lancer une triennale en 2022, avec des résidences développées grâce à un cercle d'entreprises mécènes sensibles à l'éco-responsabilité.