L'exposition « Notre monde brûle » (que nous annoncions dans notre édition du 4 octobre dernier), organisée au Palais de Tokyo en collaboration avec le MATHAF (musée arabe d'art moderne du Qatar), provoque déjà des réactions, à six semaines de son ouverture, le 21 février prochain. Conçue à partir des collections du MATHAF par son directeur Abdellah Karroum et le curateur Fabien Danesi, elle a pour cadre l'année France-Qatar 2020, qui soutient divers événements au Qatar et en France, notamment en février une sélection de courts-métrages qataris au festival du Film de Clermont-Ferrand, ou une exposition consacrée à Philippe Parreno à Al Riwaq (Doha), en octobre. Installé à Paris, l'artiste azerbaïdjanais Babi Badalov, également activiste LGBTQ, a déclaré dans un article de The Art Newspaper : « La communauté gay devrait lutter pour l'annulation de l'exposition. » Au Qatar l'acte homosexuel est passible d'emprisonnement, voire de la peine de mort pour les personnes de confession musulmane (tout comme l'adultère). L'ONG Human Rights Watch rappelle par ailleurs que les droits des travailleurs étrangers y sont limités ou encore que la violence domestique n'est pas reconnue par la loi. En réponse à l'article de The Art Newspaper, un communiqué du Palais de Tokyo affirme que « le centre d'art n'a reçu aucune demande verbale ou écrite d'annulation de l'exposition » et « a toujours fait preuve d'un esprit "LGBTQ-friendly" » dans sa programmation. L'institution affirme en outre qu'elle n'est « pas partenaire d'un État, mais d'un musée » (le Mathaf est sous l'autorité de la Qatar Museums Authority, présidée par la fille de l'émir du Qatar, et qui est avec la Qatar Foundation, fondée par l'émir, co-propriétaire de sa collection), que « le gouvernement qatari n'a jamais fait de donation au Palais de Tokyo », ou encore qu'elle « croit au pouvoir d'une institution engagée et progressiste comme le MATHAF pour jouer un rôle dans une société en formation ».