R. A. Vous aviez organisé voilà quelque temps une table ronde autour du thème : « l'art brut est-il soluble dans l'art contemporain ? » Quelle est votre position sur ce sujet ?
C. B. Il faut en finir avec les postures dogmatiques. La première, est celle du milieu de l'art brut qui représente la posture quasi politique de Jean Dubuffet. Celui-ci se servait de l'art brut comme arme pour lutter contre l'art culturel. Le milieu de l'art s'est lui dispensé de parler de l'art brut car victime de l'héritage de Dubuffet qui aurait inventé une grenade dégoupillée balancée à sa figure. Dubuffet a mis un nom sur ces choses et obligé à les conceptualiser, à établir une « critériologie ». Mais comme il avait des comptes à régler avec le milieu de l'art culturel, il les a tous humiliés, et l'art brut a été ressenti comme l'instrument de cette humiliation. On est dans le…