La saga chaotique de la sortie turbulente du Royaume-Uni de l’Union européenne se poursuit, les nouvelles de chaque jour bouleversant celles de la veille. Il est impossible de prévoir tous les rebondissements de cette pitoyable histoire : ce que l’on annonce un jour peut parfaitement être contredit le lendemain. Alors que nous écrivons ces lignes, le Parlement britannique hésite entre plusieurs choix : accepter le nouvel accord proposé par le Premier ministre Boris Johnson (celui-ci avait été rejeté le 19 octobre), obtenir une prolongation de la part de l'Union européenne, ou, comme promis par Johnson, quitter l’Union européenne sans accord le 31 octobre. Pour le monde de l’art, cette dernière option est la plus redoutée. Si elle reste actuellement peu probable, la possibilité ne peut être totalement écartée. Tant pis pour le monde des affaires, et notamment pour le monde de l’art. Difficile, dans ces conditions, de se projeter dans l’avenir ! Toute discussion sur ces questions doit donc être assortie de mises en garde, car les dispositions finales ne seront pas connues avant la dernière minute. En attendant, voici un aperçu de quelques enjeux qui pourraient affecter le marché de l’art : des préoccupations légitimes qui, malheureusement, sont bien loin sur la liste des priorités, pour les autorités comme pour la classe politique.
Pour le commerce de l’art, le Royaume-Uni peut être la « porte d’entrée » de l’Europe, notamment grâce à son taux de TVA, le plus bas de l’UE sur les importations (5 %), même si la France (5,5 %) et la Belgique (6 %) le suivent de près. Actuellement, une galerie, un intermédiaire ou toute autre entité peut importer des œuvres depuis l’extérieur de l’UE ; une fois au Royaume-Uni (et donc à l’intérieur de l’UE) ces œuvres peuvent être vendues dans des pays européens où le taux de TVA est plus élevé. À moins d’un accord spécifique sur ce point, le Brexit changera la donne. On a beaucoup parlé de faire de Londres une sorte de « Singapour sur la Tamise », où les taxes seraient faibles, mais l’avantage de l’accès au marché européen disparaîtrait. Or, les collectionneurs sont assez peu nombreux au Royaume-Uni. Si le pays est le troisième marché mondial, il le doit à sa situation de plaque tournante plus qu’à sa base de collectionneurs, contrairement à ce que l’on observe aux États-Unis.
Nouvelle donne pour les galeries
À l’heure où le Brexit se profile, un problème urgent pour certaines galeries d’art au Royaume-Uni est de savoir quoi faire des œuvres qui viennent de l’étranger et pourraient être soumises à des droits de douane au moment d’y retourner. Je citerai l’exemple d’Ursula Casamonti, de Tornabuoni Art, qui gère une grande galerie à Londres. Dans une…