Avions tourbillonnants, hélices en révolution... Les Témoins de l'univers, pièce de résistance du solo show de Roberto Matta (1911-2002) chez Gmurzynska, dépeint un espace futuriste, soumis à une vitesse effrénée. Trois grands formats de l'artiste chilien, accompagnés de petites pièces (une sélection d'œuvres sur papier et de peintures), offrent un aperçu de sa fascination pour la physique et les théories liées à la quatrième dimension, dont il synthétise les acquis dans sa peinture. « Il s'agit d'une sélection d'œuvres rares – plusieurs grands formats et des sculptures, en vente entre 1,5 et 1,9 million d'euros – issues de l'Estate de Roberto Matta. Des plus petites pièces, qui ne sont pas en vente, permettent de contextualiser son travail, notamment un portrait de l'artiste par Henri Cartier-Bresson. Le stand rend hommage à la veuve de Roberto Matta, décédée cette année », nous explique Isabelle Bscher, directrice de la galerie Gmurzynska.
La galerie milanaise Cardi offre un accrochage d’œuvres historiques de Mimmo Rotella (1918-2006), et plus précisement de ses séries « Blanks » et « Sovrapittura » (sur-peintures), réalisées dans les années 1980 et 1990. Dans la première, l’artiste italien recouvre partiellement de papiers monochromes des affiches publicitaires, afin de rendre invisible ou illisible les zones écrites et les sujets publicitaires, laissant « l’impression d’une latence métaphysique de l’image », disait Rotella en 1981. Dans la seconde, il peint de façon très gestuelle des motifs proches des graffitis sur des affiches déchirées. « La réponse du public est très positive et cela nous permet de rappeler que Rotella n'est pas que l'artiste des décollages, explique Cristina Revert, directrice, devant les 33 œuvres, parfois de petit format (20,6 x 50 cm), proposées entre 35 000 et 500 000 euros, dont quelques-unes ont déjà été écoulées. Elles proviennent toutes de la succession, ce qui est évidemment un élément très important. »
Son contemporain Julije Knifer (1924-2004), qui a représenté la Croatie à la Biennale de Venise à l'âge vénérable de 75 ans (en 2001) – 25 ans après l'avoir fait pour la Yousgoslavie –, a été obsédé par le motif du méandre. À partir de 1971, il le peint à grande échelle sur les murs et cela reste d'actualité : 18 modules, pour lesquels il a laissé des protocoles très détaillés, continuent d'être reproduits à travers le monde par son assistant. De quoi faire oublier que l'artiste, ami de Morellet et de Piero Dorazio, a produit des œuvres plus intimes, tout aussi géométriques, à l'huile, puis à l'acrylique à partir de 1968. « Nous présentons un ensemble de pièces historiques, qui commencent en 1959, soit un an avant son plongeon dans le méandre, dont il n’allait plus s’écarter, à l’exception des autoportraits en Rembrandt », explique Frank Elbaz. Les toiles peuvent monter à 350 000 euros pour ce méandre bleu, « qu'il a peint en hommage à Yves Klein ». Il n’est pas encore vendu mais un Gold & Noir est parti dès l'ouverture à 150 000 euros.
L'illustrateur iranien Ardeshir Mohassess (1938-2008) est le frère du peintre surréaliste Bahman Mohassess. Sa critique du Shah, notamment publiée dans le Tehran Journal, le contraint dans les années 1970 à s'exiler à New York, où il travaille pour plusieurs publications, dont The Nation et The New York Times. Son portrait mordant du système – dont il condamne l'hypocrisie et la répression – lui vaudra plusieurs expositions individuelles ou collectives (Asia Society à New York en 2008, musée d'Art moderne de Paris, 2014). « C'est une sélection spéciale, car la plupart des dessins étaient réunis dans une exposition historique de l'Iran American Society en 1975, indique Hormoz Hematian, directeur de la galerie Dastan. Ils sont proposés entre 5000 et 50 000 euros. Un collectionneur et une institution ont déjà manifesté leur intérêt. »
Tom Allen, né à Springfield (Massachusetts) en 1975, est un botaniste pas comme les autres. Passionné par la nature, il réalise des peintures figuratives aussi soignées que saturées de nuances pop. Véritable maniaque de la couleur et de la forme, il dépeint des natures mortes étonnantes, voire inquiétantes. Lulu (Mexico) présente une nouvelle série de six peintures de fleurs. « Tom Allen a été sous-estimé pendant longtemps, nous explique Chris Sharp, co-créateur de la galerie. Dernièrement, nous avons réalisé une exposition à Mexico dans laquelle nous présentions 7 peintures, toutes vendues très rapidement. Son approche originale de la nature intéresse énormément aujourd'hui. Nous avons quasiment déjà tout vendu, à des prix très accessibles, entre 5000 et 7000 dollars. »
Antonio Obá, né en 1983 dans la banlieue de Brasilia, s’imprègne de l’univers religieux et mystique brésilien. Bercé par ces croyances, il explore la notion de construction identitaire dans ses dessins comme dans ses performances, utilisant son corps en tant que support afin d’interroger la place de l’homme noir dans la société actuelle. Cet engagement artistique lui a valu d’être censuré dans l’exposition « Queermuseu » à Porto Alegre et d’être contraint à l’exil afin d’échapper à des menaces de mort. Pour la galerie Mendes Wood Dm, il était nécéssaire d'introduire davantange son travail en Europe. « L'artiste a récemment attiré l'attention d'un grand nombre d'institutions, précise Thomas Rackowe Cork, de la galerie, et nous souhaitons donner une vision globale de sa production, avec des prix entre 6000 et 30 000 dollars. »