Depuis 2006, avec l’avènement du parcours hors les murs, la FIAC et le musée du Louvre s’unissent pour concocter un circuit d’une trentaine d’oeuvres en extérieur et au musée Delacroix. « Nous cherchons à créer une cartographie de l’art dans l’espace public », explique Blanche de Lestrange, directrice adjointe en charge de la programmation artistique de la foire. Il est important de montrer des oeuvres accessibles à tous. Nous sommes dans une démarche de démocratisation culturelle. » Dans le cadre du parcours hors les murs, le choix des artistes présentés dans le jardin des Tuileries s’est fait de concert avec la directrice de la médiation et de la programmation culturelle du Louvre, Dominique de Font-Réaulx, mais aussi avec un comité d’experts extérieurs parmi lesquels se trouvent Jean de Loisy, Cécile Debray, Quentin Bajac ou encore Bernard Blistène. « Nous sommes également accompagnés d’équipes en charge de questions plus techniques. La jardinière en chef et la conservatrice des sculptures valident ce qu’il est possible d’exposer dans ce jardin classé aux monuments historiques » détaille la directrice adjointe.
Équilibre… mais pas parité
Le maître-mot de cette édition ? L’équilibre. « Nous tenions à donner à voir un panorama équilibré avec des artistes français et internationaux, des jeunes et des valeurs établies, ainsi que des artistes femmes » détaille t-elle. Pourtant, nous sommes loin de la parité : sur les 23 artistes exposés aux Tuileries,on trouve seulement cinq femmes, dont l’Allemande Katinka Bock, qui présente sa monumentale Parasite Fountain, et la Californienne Shana Moulton avec son immense main aux signes occultes, Reaching Through the Cosmic Sphere. « Nous n’avons pas de quotas, ajoute Blanche de Lestrange. Nous cherchons simplement à être aussi généralistes que possible. » Le parcours hors les murs permet également d’admirer le travail de Lois Weinberger ou l’armée de pelles du récemment décédé Tomi Ungerer. Comme l’année passée, la place de la Concorde se fait l’écrin d’architectures éphémères de Jean Prouvé mais aussi de Carlos Cruz-Diez, Cécile Bendixen et Odile Decq, tandis que la place Vendôme est ornée d’une immense citrouille (10x10x10 mètres) de la célébrissime Yayoi Kusama. Si la plupart du temps, l’art se vit avant de s’acheter, souvent aussi, il se fait mécéner : « Ce sont toujours les galeries qui produisent les oeuvres présentées au sein du parcours, explique Blanche de Lestrange. Parfois, elles font appel à des mécènes ou réalisent des partenariats. » C’est le cas de l’oeuvre de Kusama, qui n’a pas surgi seule des pavés de la célèbre place du Grand Siècle : les coûts de production ont été pris en charge par Fit & Love.
Rendez-vous au Petit Palais
Côté FIAC Projects, l’idée était de « créer une architecture autour du Grand Palais », avenue Winston Churchill, et au sein du Petit Palais (curaté par Rebecca Larmarche-Vadel), accessible gratuitement pour l’occasion. Lancé en 2016, FIAC Projects, qui fait pendant au parcours hors les murs, permet de présenter d’autres types d’oeuvres, dans un contexte plus muséal. C’est le cas de Thu-Van Tran, dont les immenses rideaux de caoutchouc auraient été impossibles à montrer en extérieur. L’édition 2019 donne également une belle place au jeune Vivien Roubaud dont le travail, fait de machines industrielles et de pièces mécaniques qui créent des traînées de barbe à papa, est présenté en plein milieu de la place Winston-Churchill. Seront également présents, Kiki Smith, Nina Beier, Laure Prouvost ou encore Abraham Poincheval, dont on pourra admirer l’armure de 34 kilogrammes qu’il portait, en 2018, lors de sa « croisade pacifique » dans le centre de la Bretagne.