Galerie Praz-Delavallade
Jim Shaw, le démon de la liberté
Monument de la peinture contemporaine et figure majeure de la scène californienne, l'Américain Jim Shaw, 67 ans, présente une série récente de toiles d'une liberté toujours folle. Le titre – « Strange Beautiful » – en dévoile tout l'intérêt. Cette beauté étrange passe à la moulinette les figures pop et politiques, les objets du quotidien et les références au grand art de la satire (avec Hieronymus Bosch en père fondateur) pour déployer des figures distordues (réactivant les premières expérimentations du copy art des années 1970), des trolls grimaçants ou des chats transformés en attaché-cases. « Come inside », invite une figure sortant littéralement de la toile. No, thanks.
« Jim Shaw - Strange Beautiful », jusqu'au 2 novembre, 5, rue des Haudriettes, 75003, praz-delavallade.com
Galerie ETC.
Charles, l'autre Pollock
Si ce n’est pas Jackson, c’est donc son frère ? Le célébrissime Jackson Pollock avait un aîné, Charles. Moins connu que le champion du dripping, il n’en fut pas moins un artiste prolifique qui s’est consacré presque 20 ans au réalisme social et que la galerie entend réintroduire sur la scène parisienne. Avec cette exposition individuelle, c’est en effet la toute première fois que les œuvres abstraites, et dans la mouvance du color field des années 1960 de ce calligraphe, sont présentées à Paris.
« Charles Pollock, 1902-1988 », jusqu’au 1er décembre, 28, rue Saint-Claude, 75003, galerie-etc.com
Galerie Chantal Crousel
Mona Hatoum, politique toujours
Pour Mona Hatoum, les corps sont politiques. Elle en utilise même des morceaux dans ses œuvres d’art actuellement présentées... Pour son septième solo show dans la galerie, la plasticienne d’origine palestinienne évoque les migrations, la surveillance, les conflits mondiaux dans des œuvres inédites, produites pour l’occasion. Le confinement évoqué par les grilles et formes sphériques se mêle aux cheveux humains ou aux briques qu’elle utilise dans ces travaux minimalistes et résolument engagés.
« Mona Hatoum », jusqu'au 23 novembre, galerie Chantal Crousel, 10, rue Charlot, 75003, crousel.com
Galerie Michèle Didier
Carolee Schneemann, la très engagée
Body-artist, féministe, performeuse, Carolee Schneemann a marqué l'histoire de l'art et est aujourd'hui considérée comme une artiste de premier plan. Fait moins connu : elle peignait. Ses installations et performances, elle les considérait d'ailleurs comme des extensions de ses œuvres picturales. C'est sur cet aspect de sa pratique que la galerie concentre son solo show où les corps féminins nus sont omniprésents. Ses collages et films rehaussés de couleurs sont autant de manifestes féministes déjouant les tabous visuels encore prégnants et faisant fi des représentations traditionnelles du corps des femmes.
« Carolee Scheemann », jusqu'au 9 novembre, 66, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003, micheledidier.com
Galerie Gagosian
Urs Fischer, bienvenue à Leo
L’artiste suisse, protégé de François Pinault et roi des coups de communication autour de ses expositions, s’est fait une notoriété à la 50e Biennale de Venise, lorsqu’il avait fait fondre une copie en cire grandeur nature de l’Enlèvement des Sabines de Giambologna. Il décline aujourd’hui ce procédé à travers un moulage de l’acteur fétiche d’Hollywood (et collectionneur d’art), Leonardo DiCaprio, entouré de ses parents, se consumant de l’intérieur. Une métaphore de la gloire éphémère du star-system, et un memento morbide notre condition à travers la consomption spectaculaire d’une icône populaire.
« Leo », du 14 octobre au 20 décembre, 4 rue de Ponthieu, 75008, gagosian.com
Galerie David Zwirner
Raymond Pettibon, vive la satire
Pour inaugurer son nouvel espace parisien, là même où Yvon Lambert avait implanté sa galerie en plein cœur du Marais, et garder un pied en Europe à l’heure du Brexit, le marchand David Zwirner met à l’honneur le prolixe dessinateur new yorkais Raymond Pettibon (né en 1957). Un florilège d’œuvres inédites, où se mélangent dessins à l’encre et textes, images empruntées à la culture populaire et langage puisé dans les mass médias. Fidèle au registre de la satire, l’artiste livre ainsi un regard acide sur la société américaine.
« Frenchette », du 16 octobre au 23 novembre 2019, 108, rue Vieille du Temple, 75003, davidzwirner.com
Galerie Jérôme Poggi
Paul Mignard, génération Emerige
Lauréat de la Bourse Révélations Emerige en 2018, le jeune Paul Mignard (30 ans cette année) bénéficie de sa première exposition en galerie. La mise à disposition d'un atelier dans les nouveaux espaces temporaires Voltaire, ouverts il y a quelques jours au public (au 81 bd Voltaire), lui a permis de donner de l'ampleur à ses compositions, toujours très colorées et toujours fourmillant de signes ésotériques et de motifs puisés dans la nature (champignons, cônes de volcans, troncs, tentacules). L'esprit qui souffle est celui des plaines et des montagnes, clairement oriental dans sa facture (le rendu des lointains brumeux, les cimes escarpés, les inscriptions en chinois archaïque), mais libre et nomade : les toiles, même quand elles mesurent 3 mètres, sont tenues par de simples crochets. Toujours prêtes à partir...
« Paul Mignard, un ciel tout vert », du 12 octobre au 23 novembre, 2, rue Beaubourg, 75004, galeriepoggi.com
Galerie Suzanne Tarasieve
Jörg Immendorff, derniers feux
Pendant la FIAC, Suzanne Tarasieve se dédouble des deux côtés de la rue Pastourelle. Si elle présente au 4 quelques artistes significatifs de son activité (Romain Bernini, Eva Jospin, la nouvelle recrue Kriki), elle dédie le 7 tout entier à Jörg Immendorff (1945-2007). Avec des œuvres tardives, chargées d’une double puissance émotive : elles synthétisent ses intérêts et ses influences, de Goya à Friedrich et Max Ernst, mais sont en même temps le chant du cygne d’un artiste atteint de la maladie de Charcot. Perdant peu à peu l’usage de ses membres, Immendorff doit compter sur ses assistants (dont son épouse Oda Jaune) pour retranscrire ses visions-collages mêlant figures, goût de l’ornementation et truculence héritée de la peinture flamande.
« Jörg Immendorff, Passage », du 12 octobre au 30 novembre, 7, rue Pastourelle, 75003, suzanne-tarasieve.com
A savoir : plus de 120 galeries participent à la Noctunre des galeries le 17 octobre de 18h à 22h.