Fièvre acheteuse pour les arts d'Asie hier après-midi chez Artcurial : lors d'une copieuse vacation de 286 numéros, nombre de lots, même lorsqu'ils n'étaient pas forcément très rares, sont partis bien au-delà des estimations. Ainsi, un vase chinois en porcelaine à glaçure Ge, d'époque Xianfeng (1850-1861), a été rapidement adjugé 90 000 euros, quinze fois l'estimation haute (est. 4 000-6 000 euros). Dans une salle remplie d'Asiatiques très actifs, deux lots en particulier ont flambé. Le premier est un cachet impérial en jade vert « épinard » sculpté, d'époque Qianlong (1736-1795), estimé 150 000-200 000 euros. D'après le catalogue, il s'agit d'un sceau provenant de la bibliothèque privée des empereurs Qianlong et Jiaqing (1796-1820). Deux enchérisseurs, l'un au téléphone, l'autre dans la salle, se sont battus, la pièce étant finalement acquise au téléphone pour 1,12 million d'euros (930 000 euros au marteau). Quelques jours auparavant, l'Apace, l'Association pour la protection de l'art chinois en France, avait demandé à Artcurial de retirer ce lot de la vente au motif qu'il avait été volé lors du sac du Palais d'été à Pékin en 1860 par les troupes franco-britanniques. La maison de ventes n'a pas cédé à la demande de l'Apace, indiquant que l'expertise d'Artcurial « maintient que ce sceau ne provient pas du Palais d'été » et que l'Apace n'avait pas encore fourni de mandat « selon lequel l'association interviendrait au nom du gouvernement chinois ». C'est cette même association qui avait demandé en 2009, pour la même raison, le retrait de deux têtes sculptées chinoises de la vente de la collection Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, sans succès. L'acquéreur chinois n'avait alors jamais réglé son ardoise. L'autre lot à s'être envolé chez Artcurial hier est une verseuse en corne de rhinocéros sculptée de la dynastie Qing (XVIIe-XVIIIe siècles), estimée 250 000-300 000 euros. Ni l'impossibilité d'exporter la pièce hors de l'Union européenne (à cause du matériau employé), ni le fait que la commissaire-priseur Isabelle Bresset ait annoncé avant de la mettre en vente qu'une partie à l'avant avait été cassée et recollée, n'ont semblé freiner le jeune Asiatique de Londres qui l'a acquis dans la salle pour le compte d'un client pour 950 800 euros avec les frais (780 000 euros au marteau). La vente d'arts asiatiques d'Artcurial totalise 3,3 millions d'euros (est. 960 000-1,2 million d'euros.)