Il est aujourd’hui l’un des écrivains vénérés du XXe siècle. Pourtant, il y a cent ans, le 10 décembre 1919, l’attribution du prix Goncourt à Marcel Proust pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs fut un coup de tonnerre (bien décrit par Thierry Laget dans un ouvrage récent de la collection Blanche). Il déclencha une petite « émeute littéraire » qui divisa l’intelligentsia. Au sortir de la guerre, alors qu’on aurait pu récompenser le héros Dorgelès, le réactionnaire Léon Daudet prit une position audacieuse en soutenant que Proust, alors brocardé comme planqué, avait « cent ans d’avance ». Le dandy neurasthénique n’eut guère le temps de savourer son triomphe. Il décéda en 1922, à 51 ans. Une exposition retrace ces années intenses avec une soixantaine de documents, dont ce dessin jamais montré, brossé par Paul Morand, jeune mondain cosmopolite qui perdait un protecteur : Proust sur son lit de mort.
« Marcel Proust, prix Goncourt. L’exposition du centenaire », à la galerie Gallimard (30, rue de l’Université), jusqu’au 23 octobre.
galeriegallimard.com