Certains marchands ont bien vendu et sont confiants dans l’avenir, d’autres n’ont reçu que des manifestations d’intérêt et sont inquiets du Brexit. Bien malin qui pourra tirer un bilan incontestable des foires Frieze et Frieze Masters, qui se sont tenues la semaine dernière à Londres. Les galeries les plus en vue se disent satisfaites. Thaddaeus Ropac a annoncé avoir vendu dès le premier jour des œuvres de sept artistes différents (dont un Elizabeth Peyton à 575 000 dollars) puis, au cours de la foire, six Baselitz (pour un total de 1,7 million d'euros) ou, dans un registre plus émergent, dix Alvaro Barrington, né à Caracas, à 9 000 dollars pièce. Même son de cloche chez Pace qui signalait près de 20 ventes dans la journée VIP dont trois Nina Katchadourian, deux Nigel Cooke, un Adrian Ghenie et une des nouvelles sensations du moment, Loie Hollowell (qui a à peine dépassé 35 ans, le même âge que Barrington), également gagnante chez Grimm avec un audacieux lingam parti à 75 000 dollars. Si chez Hauser & Wirth et Zwirner, les compteurs brassaient les millions, il faudra attendre pour savoir le destin du Botticelli (Portrait de Michele Marullo) proposé chez Trinity à 30 millions de dollars. Provenant de la collection catalane Cambó, c’est un BIC (Bien d’intérêt culturel), une législation moins contraignante que les notifiche italiennes mais qui obligera son acquéreur à lui faire faire des retours réguliers en Espagne. Sur Frieze Masters, qui prend de plus en plus l’aspect d’un musée (avec des œuvres montrées sans être en vente comme quatre grandes installations de Nam June Paik chez Hyundai, en prélude à sa grande exposition à la Tate Modern, ou un immense mur de Louise Nevelson chez Giò Marconi), une artiste espagnole a été l’une des découvertes les plus inattendues. « Maruja Mallo n’est pas une inconnue, tempère Ales Ortuzar, le marchand new-yorkais qui lui avait consacré tout son stand, quasiment vendu dans son ensemble dont la grande toile du Pêcheur (à 380 000 dollars). D’une grande longévité (1902-1995), elle est dans les collections du Reina Sofía. Elle était amie de Dalí et Buñuel à la Residencia de Estudiantes à Madrid, puis de Diego Rivera et Pablo Neruda. » Installée en Argentine à partir de 1937, elle signe un surréalisme un brin tropical. L’un de ses amateurs les plus enthousiastes est aujourd’hui Pedro Almodóvar : il possède deux œuvres d’elle, qu’il a notamment fait apparaître dans son dernier film, Douleur et Gloire…