On y a dansé, on y a vu des films (dans la fameuse salle Star Trek), visité des expositions, écouté des concerts au sous-sol et assisté à des pièces chorégraphiques au dernier étage. Par dizaines, des artistes y ont inventé des formes, des groupes de musique y ont répété, des designers y ont conçu des prototypes, des critiques d'art y ont écrit des textes, des enfants et des adultes y ont pris des cours. Vraie (et rarissime) réussite de mixité sociale, Mains d'Œuvres, installé depuis 2001 dans un ancien gymnase de Saint-Ouen (93), tient à la fois des feues MJC, du centre d'art et de la résidence. Mardi 8 octobre au matin, la police en a expulsé les résidents et salariés – soit environ 70 personnes coupés net dans leur activité, selon la directrice Juliette Bompoint. La mairie de Saint-Ouen, propriétaire des lieux, où elle souhaite installer un conservatoire, explique dans un communiqué que Mains d'Œuvres est « occupé sans droit ni titre par l’association [qui le gère] depuis le 31 décembre 2017 ». Un accord avait été trouvé après que l'association a cumulé les loyers impayés, mais le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné l'expulsion le 2 juillet. L'association affirme quant à elle qu'« un jugement en appel doit intervenir le 3 décembre 2019 », ajoutant que « la réponse du maire [William Delannoy, UDI] à notre volonté de dialogue est inadmissible ». De nombreuses personnes se sont réunies pacifiquement devant le lieu dans la journée de mardi pour protester contre cette mesure radicale.