Replacer la littérature au cœur du procédé créatif de Francis Bacon : tel est le credo de cette exposition consacrée aux vingt dernières années du peintre (1971-1992). Pour ce faire, le commissaire Didier Ottinger a puisé six ouvrages littéraires, philosophiques et poétiques dans la bibliothèque personnelle de Bacon, qui en comprend mille, via l’inventaire du Trinity College Dublin : l’Orestie d’Eschyle, Naissance de la tragédie de Nietzsche, The Waste Land de T.S. Eliot, Au cœur des ténèbres de Conrad, et des essais de Leiris, son préfacier français, et Bataille. Soit une compilation d’ouvrages que le peintre mentionne dans ses entretiens avec les écrivains David Sylvester, Michel Archimbaud et Franck Maubert, et qui témoignent d’une même vision de l’existence, entre beauté et horreur. Dans une scénographie qui, paradoxalement, ne présente aucun cartel, de courts extraits sont diffusés dans six espaces d’écoute tamisés, où l’on reconnaît les voix de Mathieu Amalric et Jean-Marc Barr. Si Bacon a toujours refusé toute interprétation narrative de son œuvre, il n’en concède pas moins que « les grands poètes sont de formidables déclencheurs d’images ». Des flashes qui l’auront visiblement inspiré pour dépeindre des Furies et Prométhée dans des triptyques, en hommage au monde grec. Ou des abattoirs et des corridas en référence aux écrits surréalistes de Bataille et Leiris.
« Bacon en toutes lettres », Centre Pompidou, Paris, jusqu’au 20 janvier 2020
centrepompidou.fr