« La mise en scène de la Biennale de Paris, quelle folie ! » Face à l’énormité de la tâche, Vincent Darré a hésité avant d’accepter. Mais le décorateur à la carrière pleine de rebondissements (il a commencé dans la couture, où il a notamment été l’adjoint de Karl Lagerfeld chez Fendi) aime ce genre de défis. Pour cette édition, où il succède à Jean-Charles de Castelbajac, le passionné de surréalisme et de cadavres exquis s’inspire de Chirico pour un geste « métaphysique ». Deux grandes perspectives peintes à l’entrée, de 8 mètres sur 5, sont un sas vers une autre dimension. Puis des jardins oniriques au centre du Grand Palais et au bout des allées : des têtes, des pieds, des colonnes, des chapiteaux surdimensionnés. Remettant en perspective l’Antiquité au royaume des antiquaires, ils semblent sortis tout droit d’un peplum. Ce qui est bien le cas : « Je les ai empruntés à Cinecittà où la dynastie d’artisans De Angelis les produit depuis près d’un siècle. On les a vus dans Ben Hur. » Sur son stand, la Maison Darré a fait le choix de ne pas rivaliser avec ses voisins : « C’est une boîte tendue de toile de jute, où les objets sont posés, comme à l’abandon. Une installation plus qu’une exposition. » Chaque pièce - canapé à la française, table Apollon ou fauteuil guillotine - est estampillée par les artisans qui y ont contribué. Comme pour une commode d’ébéniste du XVIIIe siècle : Darré chahute les siècles dans un sacré télescopage !
La touche Darré
Le décorateur a été chargé de la scénographie 2019, conçue comme une expérience « métaphysique »...