Christie’s a vendu pour 4,7 millions de livres, jeudi 4 juillet, à Londres, une tête du dieu Amon, empruntant les traits de Toutânkhamon, en dépit des protestations de l’Égypte. Le pays avait appelé le Royaum-Uni et l’Unesco à s’opposer à la vente, en assurant qu’elle aurait disparu du temple de Karnak dans les années 1970. N’ayant pu apporter d'élément probant, le ministre égyptien des Antiquités, Khaled al-Anani, en avait appelé à la « responsabilité morale » des organisateurs de la vente. Christie’s a maintenu la mise aux enchères en soulignant que l’œuvre avait été « largement exposée et publiée » depuis des décennies. « Christie’s s’est bien entendu assuré du titre de propriété du vendeur, mais il est impossible de retracer l’historique de ces œuvres sur des millénaires », a déclaré une porte-parole. La tête du jeune pharaon divinisé en quartzite, de 28,5 cm, vient de la riche collection allemande Resandro, qui a été pour partie dispersée par Christie’s en 2016. Elle avait été acquise en 1985, auprès du marchand munichois Heinz Herzer, qui l’aurait tenu d’un confrère autrichien, Joseph Messina. Herzer a notamment été impliqué dans le scandale de l'Athlète de Fano, dont l'Ialie exige désormais le retour du Getty. Après les bouleversements qui ont agité le pays, l'Égypte a repris une campagne de revendications de son côté, réclamant notamment la pierre de Rosette au British Museum et la tête de Néfertiti au musée de Berlin. Vincent Geerling, président de l’association internationale d’antiquaires IADAA, a cependant fait observer que le commerce d’antiquités était légal en Égypte jusqu’à la loi du patrimoine de 1983.