Désormais, lorsque l’on arrive à Bordeaux par le train, impossible de manquer cette grande arche futuriste trônant sur les rives de la Garonne. Située à cinq minutes à pied de la gare Saint-Jean, de la passerelle Eiffel et du centre historique classé au patrimoine de l’Unesco, la Méca entend bien occuper une place incontournable dans la vie culturelle de la Nouvelle-Aquitaine. Après deux ans de travaux menés par l’architecte danois Bjarke Ingels et l’agence française Freaks, ce bâtiment de béton brut de 37 mètres de haut et de 180 mètres de large entend insuffler une nouvelle dynamique à la région en regroupant sous un même toit le FRAC, l’OARA et l’ALCA – soit un office dédié aux spectacles vivants et une agence dédiée à l’audiovisuel et au livre. « La dispersion de nos agences rendait leur visibilité problématique, avance le président du Conseil régional, Alain Rousset. Avec la Méca, il ne s’agit pas de les fusionner mais de créer une coopérative culturelle. » Estimé au départ à 56 millions d’euros, le coût de la Méca est finalement passé à 60 millions, financés à 94 % par la région et à 6 % par le ministère de la Culture. « La construction du bâtiment ne s’est donc appuyée sur aucun financement privé », rappelle le président de la région.
Une architecture cinétique
Suivant les plans de Bjarke Ingels (né en 1974), nouvelle star de l’architecture mondiale qui a déjà œuvré à Copenhague, New York ou Shanghai (et aux Galeries Lafayette sur les Champs-Élysées), le FRAC occupe les quatrième, cinquième et sixième étages du bâtiment, et fait le lien entre les deux piliers de l’arche occupés par l’ALCA et l’OARA, qui jouit d’un studio et d’une scène de spectacle modulable de 360 m2. Le FRAC, à l’origine du projet, dispose ainsi de 1200 m2 d’espace d’exposition, de 900 m2 de réserves pour stocker les quelque 1200 œuvres de sa collection, et d’un auditorium. L’ensemble épouse une architecture cinétique en béton, dont les tons sablés rappellent la pierre bordelaise. Du côté du promenoir de la Garonne, on rencontre une curieuse sculpture de bronze signée Benoît Maire, artiste lauréat du 1% artistique de la Méca, représentant un visage d’Hermès coupé en deux, aligné sur l’une des arêtes du bâtiment. Enfin, l’intérieur de la Méca affirme son style industriel avec des poutres apparentes en acier et du béton brut, encore, recouvrant le sol et les murs.
Aide à la production et à la diffusion
Mais au juste, que désigne l’acronyme « Méca » ? La Maison de l’Économie Créative et Culturelle en Nouvelle-Aquitaine, ayant pour missions de diversifier la politique culturelle locale et d’amplifier le soutien aux artistes via des aides à la production et à la diffusion. Bruno Boutleux, président de l’ALCA, insiste sur le premier point : « Avec la Méca, la région choisit d’embrasser la culture sous toutes ses formes, à travers l’angle de l’économie. Il ne faut pas avoir peur de parler de marketing culturel. L’enjeu revient à préserver la diversité artistique locale en s’appuyant notamment sur les collectivités territoriales qui financent la culture à 80 %. » Fabien Jannelle, président de l’OARA, souligne quant à lui le rôle de la Méca auprès des artistes : « La Méca a vocation à être une maison d’hôte, une vitrine et un tremplin pour les artistes de la région. Ici, ils peuvent venir répéter gratuitement et seront rémunérés pendant leurs semaines de travail. » Bertrand de Montferrand, président du FRAC, va dans le même sens : « Notre mission fondamentale est de soutenir la jeune création. Le foisonnement actuel d’initiatives artistiques est sans comparaison avec ce qui se passait lorsque le FRAC a été lancé en 1982. » Fort d’une fréquentation en hausse, estimée à 148 000 visiteurs pour l’année 2017, le FRAC se revendique comme « un lieu d’acquisition, de diffusion et de monstration de ses collections. » Tout en proposant aux artistes des résidences de production en lien avec les entreprises de la région. À cet égard, Claire Jacquet, directrice du FRAC, parle de « mécénat technique » dont témoignent déjà certaines œuvres, à l’instar d’une sculpture en acier plié d’Alice Raymond présentée dans l’exposition « Il est une fois dans l’Ouest », où le FRAC retrace notamment l’histoire de ses acquisitions.
Exposition « Il est une fois dans l’Ouest »
Jusqu’au 9 novembre
fracnouvelleaquitaine-meca.fr/meca/