Le Quotidien de l'Art

Politique culturelle

Après Estelle Pagès à Lyon, une autre femme à Cergy ?

Après Estelle Pagès à Lyon, une autre femme à Cergy ?
Vue générale Ensba Lyon depuis la Saône.
EnsbaLyon.

Le mois dernier, Marta Gili, ancienne directrice du Jeu de Paume, devenait la première femme à la direction de l'École nationale supérieure de la photographie à Arles. Avant-hier, Estelle Pagès été nommée directrice de l’ENSBA de Lyon. Et deux candidates restent en lice à Cergy...

À Lyon, c’est la première fois qu’une femme prend la tête de l’établissement depuis sa création en 1756. Le signe d’une avancée progressive des femmes à des postes où elles restent minoritaires ou celui de changements de gouvernance plus profonds, portés par l’actuel élan égalitaire et d’inclusion sociale ? « Je crois aux modalités de la collégialité et aux formes collaboratives en réunissant les différentes composantes de l’école », affirme Estelle Pagès, 54 ans, historienne de l’art et jusqu’ici directrice des études d’arts plastiques à la Haute école des arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg. Nommée pour cinq ans aux Beaux-Arts de Lyon, restés sans direction pendant toute l’année scolaire, Pagès affirme son désir d’organiser des groupes de travail et de discussion sur la problématique des inégalités et de l’affirmation de la mixité sociale dans l’école. « Ma méthode c’est le dialogue pour établir d’abord un diagnostic et ensuite proposer des mesures. J’ai été très engagée sur la démocratisation des classes préparatoires publiques qui doivent assurer l’égalité des chances et sont peut-être maintenant menacées du fait de ne pas être présentes sur Parcoursup en 2020. » Son projet cherchera à renforcer des liens pluridisciplinaires avec les Subsistances, très impliquées dans le spectacle vivant, dont l’école partage le site. « Pour être transversal, il faut avoir néanmoins une forte connaissance disciplinaire. Cela me paraît important de travailler ensemble, pas seulement coexister avec les Subsistances, que ce soit au niveau des résidences, des workshops ou dans certains temps forts de l’année. Cela a d’ailleurs pris forme avec notre post-diplôme de recherche et création artistique, partagé avec l’ENSATT (théâtre), le Conservatoire (musique et danse) et bientôt CinéFabrique (cinéma). » À l’international, Estelle Pagès veut réfléchir à une double formation diplômante. 

Situation tendue à Cergy

Du côté de l’École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy, c’est toujours l’impasse depuis le départ de l’ancien directeur Sylvain Lizon début 2019 pour diriger la Villa Arson à Nice. Suite à la décision du jury (avec deux représentants des enseignants de l’école) et à la consultation inédite des enseignants, de l’administration et des étudiants (qui ont pu étudier les dossiers restés anonymes), la décision finale appartient au ministre de la Culture (une procédure contestée par la mobilisation des étudiants). Restent en lice Aude Cartier, directrice de la Maison des Arts, Centre d'art contemporain de Malakoff, dont le projet (consulté par le QDA) propose de prendre en considération des débouchés professionnels vers de nouveaux corps de métiers (à l’image de l’animation 3D) ou l’ouverture à du mécénat ciblé, et Corinne Diserens, qui, après avoir dirigé différents musées (Marseille, Nantes, Bolzano) a été directrice de l’Erg, école d’art et design à Bruxelles (2011-2016). Son projet porte sur le développement de la recherche au niveau doctoral, l’organisation d’un séminaire annuel majeur réunissant pratique et théorie, et des partenariats de recherche internationaux élargis à d’autres continents. Si le choix du jury s’est fait sur cette dernière candidature, le ministre semble réticent à annoncer sa décision. Pendant ce temps-là, la situation de l’école - ayant déjà provoqué le départ du secrétaire général – voit son fonctionnement proche du blocage.

Corinne Diserens.
Corinne Diserens.
DR.
Estelle Pagès.
Estelle Pagès.


DR.

Aude Cartier.
Aude Cartier.
Vidéo Youtube Portraits d'anciens de l'Icart.

Article issu de l'édition N°1758