Le plus important prix pour des artistes résidant en Belgique avait fait l'objet l’an dernier d’une vive remise en question de sa légitimité à représenter la diversité de la scène belge. Critiquant une liste exclusivement masculine, mais aussi l’absence de diversité « de classes sociales, de générations, de sexualités et d’origines ethniques », la fronde posait la question de la « distribution des privilèges » et avait conduit les artistes nommés à se retirer menant à l'annulation du prix. Depuis, les organisateurs ont veillé à garantir plus de diversité et de transparence tout au long de la sélection, y compris dans la composition du jury (de l’artiste nigériane Otobong Nkanga à la curatrice féministe Nataša Petrešin-Bachelez ou Dries Douibi, codirecteur du Kunstenfestivaldesarts), qui a considéré « non seulement la pertinence du travail, mais également les conditions et le climat dans lesquels les œuvres existent et répondent aux défis de la réalité actuelle », « la responsabilité de l’artiste à l’égard de son sujet » et la « diversité des publics à qui ils s’adressent. » Les nommés sont : Agence, un organisme fondé en 1992 par Kobe Matthys, adoptant la forme d’une archive ou d’une assemblée pour interroger les catégories nature / culture ou humain / non humain ; l’artiste congolais Sammy Baloji dont les photos et vidéos enquêtent sur les persistances de la violence coloniale ; l’artiste et sociologue Saddie Choua qui crée des fictions à partir de donnés documentaires, en confrontation avec le désir d’exotisme ; Jacqueline Mesmaeker, 90 ans, qui développe une œuvre expérimentale et ancrée dans un univers littéraire et minimal, parfois proche de la disparition ; et Joëlle Tuerlinckx dont l’œuvre conceptuelle est liée à son arpentage de l’espace et à l’archéologie des formes.