À l’instar de Serre, Folon ou Quino (compatriote argentin dont il était l’exact contemporain, étant nés tous deux à l’été 1932), Guillermo Mordillo eut son heure de gloire dans les années 1980, grâce à une esthétique immédiatement reconnaissable qui fit, à l’époque, le bonheur des chambres d’ado à travers moult posters. Ce qui caractérise son style : un trait rond et souple, des personnages au corps blanc perdus dans un environnement pastel et des situations absurdes. Mordillo était de la race des grands seigneurs du dessin d’humour. Lorsqu’il débuta dans les années 1950, il était alors impensable de faire parler ses personnages au sein de phylactères. Plutôt que de légender ses dessins, comme d’usage, Mordillo optait pour des images muettes qui allaient faire sa renommée internationale – puisqu’il est inutile de les traduire. En France, Pif Gadget le publia, tout comme Lui, Paris Match et Marie-Claire. Surtout, bien qu’ayant fui la dictature dans son pays d’origine pour s’installer à Paris puis en Espagne, Mordillo usait d’un humour universel et non lié à l’actualité, créant un petit théâtre du rire et de l’absurde avec ses footballeurs idiots, ses girafes au cou interminable ou ses éléphants amoureux. Son art du décalage faisait merveille, moquant les puissants et la grande faucheuse. Il est décédé samedi 29 juin, à Majorque, sous le soleil.