Faire prendre connaissance aux collectionneurs et au public africain de la riche scène contemporaine du continent est l’ambition de l’exposition itinérante « Prête-moi ton rêve », inaugurée la semaine dernière à Casablanca (voir L'Hebdo du 14 juin). À cette occasion, quatre tables rondes, les 19 et 20 juin, ont traité de la création contemporaine, du marché de l’art, de l’histoire de la critique et des collectionneurs, à chaque fois dans le contexte africain. Yacouba Konaté, commissaire de l’exposition, a affirmé, en préambule à l’intervention de créateurs comme Mohamed Melehi et Zoulikha Bouabdellah, que « ce sont les artistes qui écrivent l’histoire de l’art. » Exposant des expériences personnelles, Olu Amoda a souligné la frustration causée « quand les galeries exposent mal les œuvres » et Zoulikha Bouabdellah celle causée par la censure de ses œuvres (à Clichy-la-Garenne, en 2015, au lendemain des attentats). Faire rayonner la création africaine est l’ambition de Victoria Mann, fondatrice de la foire AKAA, qui note depuis quelques années « un engouement pour les artistes africains. » « C’est un marché qui commence à se consolider, renchérit Arnaud Cornette de Saint Cyr. Il faut un maillage de collectionneurs internationaux, mais aussi un maillage de collectionneurs en Afrique. » Hassan Sefrioui, fondateur de la galerie Shart, a réclamé une « nouvelle génération de collectionneurs pour une nouvelle génération d’artistes. Longtemps les collectionneurs marocains ont regardé vers le nord. » Une habitude qui doit changer pour faire naître une véritable scène locale.