Créé vendredi 31 mai par Michelle Millar Fisher, curatrice au Philadelphia Museum of Art, et d'autres travailleurs du milieu de l'art américain, le document en ligne « Arts + All Museums Salary Transparency » a été alimenté en moins d'une semaine par plus de 1 800 personnes. Collaborative, l'initiative accompagne aux États-Unis et ailleurs un vaste mouvement de prise de conscience de la précarité des employé.e.s de la culture (lire à ce sujet notre enquête dans l'Hebdo du 1er mars) et des questionnements sur l'éthique générale des institutions et du marché de l'art. Les informations, anonymes, ne sont pas vérifiables, mais donnent un aperçu d'une moyenne de salaires bruts relativement basse, notamment en regard du niveau d'études requis ou du coût de la vie : 32 000 dollars annuels (soit 28 000 euros) pour un assistant d'une galerie de Chelsea, à New York (à peine de quoi s'y payer un loyer) ou 35 000 dollars (31 000 euros) pour un conservateur d'un musée du Midwest.
Le document révèle des écarts de salaires importants – de 30 000 dollars annuels (environ 26 000 euros) pour un assistant curateur en début de carrière, à 187 000 dollars (166 000 euros) pour un conservateur en chef de la National Gallery de Washington et 330 000 dollars (292 000 euros) pour le conservateur en chef des éditions et livres illustrés du MoMA (Christophe Cherix). Les données « genre », « race » ou « niveau d'études » mériteraient une analyse approfondie, tandis que le projet s'est rapidement internationalisé, avec des contributions de Grande-Bretagne, d'Allemagne, du Mexique... Ainsi jeudi 6 juin, une dizaine de Français.e.s avaient envoyé des informations les concernant : un.e stagiaire en galerie payé.e 3,75 euros de l'heure et un curateur associé du Centre Pompidou déclarant un salaire de 26 000 euros par an pour un temps plein. Les salaires des fonctionnaires en France sont quant à eux publics : ainsi un conservateur territorial du patrimoine touche-t-il 23 000 euros bruts par an lors de sa première année d'exercice.