Nous lui avions consacré une image du jour il y a à peine deux semaines, en tant que symbole de ces artistes significatifs de la seconde moitié du XXe siècle trop oubliés, à l'occasion d'une exposition à la galerie Guillaume (qui ferme aujourd'hui). Claude Bellegarde vient de disparaître à l'âge de 92 ans. Son parcours est simple et étonnant, scindé en deux périodes antithétiques : le blanc absolu à la Ryman, jusqu'en 1955, inspiré en partie par son compagnonnage avec Lanza del Vasto ; puis une couleur abondante, en bandes, en vagues, en cercles, même en volumes dans ses cabines psy-color du milieu des années soixante. Dans le domaine public, Bellegarde a laissé des mosaïques au lycée de Châtillon-sous-Bagneux et une fresque de 100 mètres au restaurant municipal de Vitry-sur-Seine. La cohorte des critiques qui ont écrit sur lui - Enrico Crispolti, Gérald Gassiot-Talabot, Catherine Millet, et ses premiers soutiens, Restany et Cabanne - n'a pas empêché son progressif effacement. On retiendra que ce fou de couleur a aussi été un grand amateur de musique - Steve Lacy avait utilisé une de ses œuvres pour illustrer la pochette d'un disque...