Le Museo del Barrio, à New York, est depuis deux mois au cœur d'une polémique, rapporte le site Hyperallergic. Fondée en 1969 par des activistes portoricains, l'institution de la 5e avenue, aujourd'hui consacrée à l'art et la culture d'Amérique latine et des Caraïbes, a été épinglée en mars dernier par une lettre de PRIDA, organisation d'artistes originaires de Porto Rico (territoire américain « non incorporé »), adressée à son directeur, le Mexicain Patrick Charpenel. En cause : l'absence de connexion entre le musée et la communauté artistique portoricaine et « une longue liste, depuis une décennie, de directeurs.trices et curateurs.trices non-portoricain.e.s déconnecté.e.s de la communauté » (dernier en date, le Brésilien Rodrigo Moura, embauché comme chief curator). Cette communauté même qui, selon la lettre, « a conceptualisé, fondé et bâti le musée spécifiquement pour exposer des artistes portoricains, locaux ou issus de la diaspora ». Reconnaissant le manque de représentation portoricaine dans le staff du musée, un autre groupe d'activistes a lancé le « Mirror Manifesto », qui propose d'élargir le public et l'objet du Museo del Barrio à ce qu'il nomme les « Latinx », soit l'ensemble groupes issus de la diaspora latino-américaine aux États-Unis. Le débat rejoint la problématique, brûlante dans l'ère Trump, de l'assimilation des première, seconde et troisième générations de Portoricains, Mexicains, Colombiens, Équatoriens, Honduriens, etc. Il soulève également la question de la schématisation, mise en œuvre dans le système international de l'art, d'un « Sud global » gommant les particularismes culturels. Autant de sujets auxquels d'autres communautés, en Europe comme aux États-Unis, se trouvent aujourd'hui confrontées.